
Moody’s tire les leçons de la crise pour la dette bancaire
Amagerbanken continue de faire des vagues. La chute de la cinquième banque cotée du Danemark, sauvée par l’Etat, devrait entraîner des pertes pour les déposants et les créanciers seniors de l’établissement (L’Agefi Quotidien du 8 février). Une première en Europe continentale depuis la crise, qui conduit les investisseurs à revoir leur appréciation du risque sur ce type de titres, et les agences de notation à modifier leurs méthodes.
Moody’s a ainsi décidé le 16 février de dégrader la dette senior de Danske Bank et de quatre autres prêteurs danois: FIH Erhvervsbank, BankNordik, Spar Nord Bank et Ringkjoebing Landbobank. Les notes long terme de la filiale locale de Nordea, ainsi que celles de Sydbank et Jyske Bank, sont placées sous surveillance.
«Ces changements reflètent une réduction dans les hypothèses de soutien systémique de Moody’s, a expliqué l’agence. La faillite d’Amagerbanken démontre à la fois la volonté et la capacité du gouvernement d’imposer des pertes aux créanciers seniors et aux déposants des banques danoises». Des pertes qui devraient atteindre environ 41% du pair.
L’impact reste limité pour les banques danoises. Mais il traduit bien le changement à l’œuvre en Europe vis-à-vis de la dette bancaire et de sa capacité d’absorption de pertes en cas de crise de l’émetteur. A l’approche des élections législatives du 25 février, le débat ne cesse de monter en Irlande sur une éventuelle participation des porteurs de dette senior au coût du sauvetage des banques, devenu insupportable aux yeux du contribuable. Moody’s a d’ailleurs dégradé mi-février en catégorie spéculative la dette de l’ensemble des banques irlandaises, en raison des incertitudes sur le soutien étatique et d’une probabilité accrue de pertes pour la dette senior non sécurisée de ces établissements. Bruxelles a aussi lancé une consultation début janvier sur la résolution des crises bancaires, évoquant la participation des créanciers seniors.
Le compartiment subordonné, lui, devrait connaître d’autres dégradations. Moody’s a détaillé le 14 février sa nouvelle méthode de notation des dettes lower tier 2, dont les porteurs ont été appelés à participer à plusieurs opérations de recapitalisations de banques à travers des offres d’échange volontaires, ou quasi imposées dans le cas d’Anglo Irish Bank. L’agence ne tiendra plus compte d’un support étatique dans son modèle de notation.
Plus d'articles du même thème
-
Les obligations sécurisées devraient résister à la dégradation de la note de la France
Les agences de notation ont élaboré des méthodologies assez complexes pour relier l'évaluation des «covered bonds» à celle des banques émettrices et de leur Etat d’origine. La situation de la France offre un nouveau test. -
A Londres, une pluie de contrats dans la tech accompagne Donald Trump
Lors de la deuxième visite d’Etat du président américain au Royaume-Uni, mercredi et jeudi, les échanges commerciaux et les droits de douane seront à l'ordre du jour. Les géants technologiques ont déjà annoncé de vastes investissements, dont 5 milliards de livres sterling pour Google. -
La Banque du Canada se dirige à son tour vers une baisse de taux
La hausse plus faible que prévu de l’inflation canadienne au mois d’août a renforcé les convictions des investisseurs. -
Le private equity, l’IA et le rajeunissement des clients font les tendances du marché des CGP
D’après le dernier baromètre Cardif, les investissements sur des actifs risqués ont augmenté en 2025, notamment vers le private equity. L’adoption de l’intelligence artificielle progresse également chez les conseillers et les clients rajeunissent. -
Hannover Re se muscle sur le marché des capitaux alternatifs
Le quatrième réassureur mondial affûte sa stratégie en matière de solutions de réassurance alternatives. Bien décidé à développer ses activités sur le marché des Insurance-Linked Securities (ILS), il multiplie les initiatives au travers notamment d'une obligation catastrophe d’un nouveau genre. -
Les banques centrales à nouveau au centre du jeu
Plus d’un an après leur pivot accommodant de l’été 2024 à la suite de la baisse de l’inflation, les banques centrales et notamment la Fed, sont de nouveau la principale source d’espoir des investisseurs pour les prochains mois.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Valérie Baudson : «Amundi n'a pas besoin d'acquisition pour croître»
- En deux ans, les ETF «datés» ont réussi à se faire une place en Europe
- New York Life réunit son actif général et sa gestion d’actifs
- L’Union européenne cherche la clé d’une épargne retraite commune
- Eric Bertrand va prendre la direction générale d’Ofi Invest AM
Contenu de nos partenaires
-
CAC 40 en repli : la Bourse de Paris sous pression face à la Fed et à la montée de l'euro
Paris - La Bourse de Paris a terminé en baisse de 1% mardi, cédant face aux anticipations de baisse des taux de la Banque centrale américaine (Fed) et affectée par la montée de l’euro face au dollar. L’indice vedette de la place parisienne, le CAC 40, a perdu 1,00%, soit 78,71 points, pour s'établir à 7.818,22 points. Lundi, il avait gagné 71,69 points (+0,92%), à 7.896,93 points. Le marché anticipe une baisse de 0,25 point de pourcentage des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) mercredi, qui sont dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% depuis décembre 2024. La banque centrale des États-Unis a d’ailleurs entamé mardi sa réunion sur les taux directeurs dans une configuration particulière: un conseiller de Donald Trump, devenu gouverneur in extremis, est à la même table qu’une responsable que l’exécutif cherche à limoger. Un des principaux conseillers économiques de M. Trump, Stephen Miran, a été propulsé à l’un des postes les plus prestigieux de la Fed après la démission surprise de la gouverneure Adriana Kugler. Le Sénat à majorité républicaine s’est dépêché de confirmer sa nomination, validée lundi soir en séance plénière, ce qui a permis à M. Miran de prêter serment mardi matin, juste à temps pour participer à la réunion. En parallèle, le président américain cherche à limoger la gouverneure Lisa Cook, qu’il accuse d’avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à des taux plus favorables. Une cour d’appel américaine a confirmé lundi qu’elle pouvait rester temporairement en fonction, mais l’administration Trump devrait porter l’affaire devant la Cour suprême. Les anticipations de baisse de taux et les pressions politiques que subit la Fed ont propulsé l’euro à un plus haut niveau depuis quatre ans. «Le niveau de l’euro (face au dollar) commence à devenir problématique pour les entreprises européennes qui exportent et cela se cumule avec les droits de douane» américains imposés à l’Europe, explique à l’AFP Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France. De quoi peser fortement sur les places boursières européennes, qui payent «les effets d’un euro trop fort sur la compétitivité des entreprises exportatrices européennes», poursuit-il. Les banques perdent pied Les valeurs bancaires souffrent des anticipations de baisse des taux directeurs des banques centrales, car elles ont ainsi une moindre «capacité à former leurs marges pour les crédits notamment», explique Alexandre Baradez. «Compte tenu de la situation financière tendue de la France, certains acteurs du marché se séparent des entreprises du secteur financier», affirme quant à lui Andreas Lipkow, analyste indépendant. L’action Société Générale a perdu 3,57% à 56,76 euros, Crédit Agricole a terminé en baisse de 1,76% à 16,45 euros et BNP Paribas a glissé de 1,44% à 76,17 euros. Kering toujours ravi Le titre du groupe de luxe Kering s’est à nouveau inscrit en forte hausse sur la séance mardi, profitant d’informations de presse selon lesquelles Francesca Bellettini, actuellement directrice générale adjointe, deviendrait la directrice générale de Gucci, vaisseau amiral du groupe. Kering a terminé en nette hausse de 3,11% à 263,30 euros. Euronext CAC40 © Agence France-Presse -
Assassinat de Charlie Kirk : l'assassin présumé, Tyler Robinson, va être inculpé
Provo - Tyler Robinson, l’homme de 22 ans accusé d’avoir assassiné l’influenceur ultraconservateur Charlie Kirk, doit être formellement inculpé mardi par les autorités dans l’Utah, alors que son mobile précis demeure mystérieux, près d’une semaine après ce nouvel accès de violence politique au Etats-Unis. Sans attendre de détail sur les motivations du meurtrier présumé et alors qu’aucun complice n’est connu à ce stade, l’administration Trump a accusé la gauche d’avoir influencé son geste et annoncé son intention de classer la mouvance antifasciste comme organisation «terroriste» intérieure. Loin de Washington, c’est à Provo dans l’Utah, près du lieu du drame, que le procureur local doit annoncer à 12H00 (18H00 GMT) l’inculpation formelle de Tyler Robinson lors d’une conférence de presse qui pourrait permettre d’en apprendre davantage sur l’enquête. Le jeune homme est attendu au tribunal trois heures plus tard pour une première audience judiciaire. Trente-trois heures après le tir qui a tué Charlie Kirk, Tyler Robinson a été arrêté, dénoncé par son père qui l’a reconnu sur des images diffusées par la police. S’il ne coopère pas avec les autorités depuis son arrestation, son implication présumée est confirmée par la correspondance entre des traces d’ADN prélevées près du lieu du crime et celui de Tyler Robinson, a annoncé lundi Kash Patel. Le directeur du FBI a également mentionné un mot qu’aurait laissé l’assassin présumé avant de passer à l’acte. «Le suspect a écrit, en gros, +j’ai l’opportunité d'éliminer Charlie Kirk, et je vais la saisir+". «Terrorisme intérieur» Charlie Kirk a été assassiné mercredi d’une balle dans le cou alors qu’il animait un débat sur un campus universitaire dans l’Utah, dans l’ouest du pays, un drame qui a souligné les profondes fractures politiques américaines. Cette figure de la droite américaine âgée de 31 ans utilisait ses millions d’abonnés sur les réseaux sociaux et ses interventions dans les universités pour défendre Donald Trump et diffuser ses idées nationalistes, chrétiennes et traditionalistes sur la famille auprès de la jeunesse. Le président américain, qui doit beaucoup à Charlie Kirk pour sa victoire face à Kamala Harris en novembre dernier, a été prompte à dénoncer la rhétorique de la «gauche radicale» accusée d'être, au moins en partie, responsable de l’assassinat. Le vice-président JD Vance a répété ces attaques lundi en animant lui-même, sous les ors de la Maison Blanche, le podcast tenu jusqu’alors par Charlie Kirk. Il a assuré que beaucoup, à gauche, «développent un climat dans lequel de telles choses vont forcément se passer.» «C’est un vaste mouvement de terrorisme intérieur», est allé jusqu'à dire Stephen Miller, proche conseiller de Donald Trump, promettant de tout faire pour «déraciner et démanteler ces réseaux terroristes.» Le président américain assistera dimanche à une cérémonie d’hommage à Charlie Kirk organisée dans un stade de l’Arizona (sud-ouest). © Agence France-Presse -
Eric Piolle suspendu de son mandat de porte-parole des Ecologistes après ouverture d’une enquête judiciaire
Paris - Le maire de Grenoble Eric Piolle a été suspendu mardi de son mandat de porte-parole des Ecologistes à titre conservatoire, dans le cadre de l’instruction judiciaire ouverte contre lui à Grenoble pour «concussion» et «recel de délit», a-t-on appris auprès du parti et de l'élu, confirmant une information de l’Opinion. M. Piolle «a été suspendu à titre conservatoire de son mandat de porte-parole, et n’est plus membre du bureau politique à titre conservatoire», a indiqué la direction du parti, expliquant que «les soupçons qui pèsent sur lui et qu’il n’a pas souhaité démentir peuvent avoir des conséquences sur le parti et sa réputation, notamment à l’approche des municipales». Selon la décision du conseil disciplinaire, validée par le bureau politique et notifiée à M. Piolle mardi matin, le refus du maire de Grenoble «de démentir – en interne comme en externe -" ce qui lui est reproché «est constitutif, à lui seul, d’une enfreinte à nos valeurs de base (transparence, probité, coopération, etc.) et à nos principes de fonctionnement et est par ailleurs incompatible pour la fonction de porte-parole». Une enquête a été ouverte début juin 2024 contre le maire écologiste à la suite d’un article du Canard Enchaîné l’accusant d’avoir organisé un tour de passe-passe budgétaire pour verser indûment 16.800 euros à son ancienne première adjointe, aujourd’hui députée LFI, Elisa Martin. M. Piolle, qui n’a pour l’instant pas été auditionné par la justice, ni mis en examen, accuse un ancien collaborateur de vouloir lui nuire dans cette affaire. Eric Piolle a été élu en avril dernier par les adhérents du parti porte-parole des Écologistes, contre la volonté de la secrétaire nationale Marine Tondelier, qui lui préférait un autre candidat. La direction disait s’inquiéter des répercussions de l’enquête judiciaire sur l’image du parti. Après son élection, le bureau politique avait souhaité s’entretenir avec M. Piolle sur cette affaire, mais celui-ci a décliné, précise la direction. Le bureau politique a alors saisi avant l'été le conseil disciplinaire du parti, instance indépendante, qui a auditionné le maire de Grenoble, mais celui-ci a refusé une nouvelle fois de s’exprimer sur l’affaire, disant se tenir à la disposition de la justice. «Ils me suspendent pour atteinte aux valeurs du parti, par manque de transparence», a expliqué M. Piolle à l’AFP, critiquant une décision «politique absurde», et rappelant que les militants l’avaient choisi comme porte-parole «en connaissance de cause». L'élu, qui ne se représente pas aux municipales à Grenoble, va regarder ses moyens de recours, «qui peuvent être juridiques», a-t-il précisé. © Agence France-Presse