Mario Draghi précise ses intentions d’assouplissement monétaire

Le président de la BCE a évoqué hier des mesures pour relâcher la pression sur l’euro et le crédit, principaux freins au retour de l’inflation vers 2%
Patrick Aussannaire

La BCE est au pied du mur. «Ce à quoi nous devons être particulièrement attentifs à l’heure actuelle est, selon moi, le potentiel qu’une spirale négative se mette en place avec une inflation faible, une baisse des anticipations d’inflation et de crédit, en particulier dans les pays sous tension», a indiqué hier Mario Draghi à l’occasion d’une grande conférence que tient pour la première fois l’autorité européenne dans la ville de Sintra au Portugal, sous le format des rencontres de Jackson Hole organisées depuis 1981 par la Fed.

Mario Draghi a ajouté que «la question clé aujourd’hui est le timing», en séparant risques immédiats et futurs. A l’heure actuelle, «les évolutions du taux de change et du crédit» constituent les principaux obstacles au retour de l’inflation vers sa cible et «nécessitent un ajustement de nos instruments conventionnels» pour le premier (taux de dépôt négatifs) et des politiques de bilan (telles qu’un nouveau LTRO à long terme) ou hors bilan (telles que des rachats d’ABS) pour le second. L’euro a poursuivi sa correction pour tomber à 1,362 contre dollar, après avoir atteint 1,3993 le 5 mai. Une tendance qui pourrait perdurer avec «la divergence de politiques monétaires des deux côtés de l’Atlantique qui devrait durer jusqu’en 2016», ajoute Natixis.

«La BCE semble avoir placé la barre très haut pour le prochain conseil de politique monétaire» qui se tiendra le 5 juin, estime ainsi Natixis. L’un de ses membres, Yves Mersch, a même annoncé des mesures qui «devraient frapper même les imaginations les plus fertiles». Si un assouplissement semble acquis, «l’absence d’un véritable QE, notamment sur les titres d’Etat, pourrait être mal accueillie», estime Aurel BGC. «Il faut un élément de surprise qui peut passer par des taux négatifs, un LTRO ciblé, la pré-annonce d’un programme de rachats de dette privée, ou une combinaison de toutes ces mesures», ajoute Frédérik Ducrozet, économiste chez CA CIB.

Mario Draghi n’a pas semblé fermer la porte à d’autres mesures non conventionnelles dans le futur en ciblant hier la déstabilisation des anticipations d’inflation comme «contexte au lancement d’un vaste programme de rachats d’actifs». Le taux de swap inflation 2 ans anticipé dans 2 ans est tombé à 1,35%, et les prévisionnistes professionnels voient le rebond de l’inflation limité à 1,6% en 2016, soit une inflation qui sera restée pendant 5 ans sensiblement sous sa cible proche de 2%.

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