
L’Italie risque l’effet boule de neige sur le service de sa dette
Rome risque l’engrenage fatal. L’écartement brutal de ses rendements survient au pire moment pour l’Italie, qui fait face à de gros besoins de refinancement au deuxième semestre. Le pays devra rembourser 175 milliards d’euros de tombées de dette au second semestre 2011, dont 92 milliards de bons du Trésor, selon un pointage de Morgan Stanley. Les émissions à moyen long terme qui restent à effectuer tournent autour de 95 milliards. Pour calmer le jeu, Rome a annoncé un vote, d’ici à dimanche, par le parlement, de son plan d’austérité de 40 milliards d’euros à horizon 2014.
«La crise est autoréalisatrice, soulignent les stratégistes taux de SG CIB. Pour des pays très endettés comme l’Italie, la croissance continue des rendements peut créer un effet boule de neige qui menace de rendre la dette insoutenable».
Le Trésor italien l’a constaté hier en plaçant pour 6,75 milliards d’euros de bons à 12 mois. Si la demande, de 10,5 milliards, s’est située dans la moyenne des opérations de ce type, le rendement obtenu (3,67%) marque un renchérissement de 150 points de base par rapport à la précédente émission à 12 mois réalisée en juin.
La part élevée du financement court terme rend d’ailleurs l’Italie plus sensible à une hausse des taux. En 2012, selon Morgan Stanley, le pays aura besoin d'émettre 229 milliards de dettes à moyen et long terme, et presque autant (216 milliards) en bons du Trésor. Si la courbe italienne devait en rester à ses niveaux actuels, la facture supplémentaire se chiffrerait en milliards. En cinq séances, les rendements à 2 ans, 5 ans et 10 ans se sont creusés respectivement de 98 points de base, 80 et 57 pb. Les taux à 10 ans ont cassé hier matin la barre des 6% avant de revenir autour de 5,55%.
Sur un an, les hausses sont encore plus sensibles: 227 pb sur le 2 ans, et environ 155 pb à 10 ans. Appliquées au programme d’émission 2012, elles signifient grosso modo une surcharge d’intérêt annuelle de 3,7 milliards pour la seule partie moyen long terme (sur la base d’une maturité moyenne de 7,7 ans) d’après nos calculs.
Rome a estimé à 75 milliards la charge de sa dette en 2011, soit environ 5% du PIB, un montant qui doit grimper à 85 milliards en 2014. Le courtier Jefferies estime qu’un accroissement d’un point du coût moyen de la dette italienne, à 6%, d’ici à 2014, obligerait le pays à débourser 35 milliards de plus sur la période.
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