L’Europe veut attirer des investisseurs privés sur les projets d’infrastructures

La Commission propose, dans une consultation, de jouer, avec la BEI, le rôle de rehausseur de crédit
Violaine Le Gall

L’Europe cherche des financements pour les projets d’infrastructures qui seront nécessaires d’ici fin 2020. Ils exigeront en effet pas moins de 1.500 à 2.000 milliards d’euros d’investissement dans les domaines des réseaux de transport, d’énergie, d’information et de communication, d’après la Commission européenne. Or, déjà affaiblies, les finances publiques ne peuvent plus soutenir ces grands projets. De plus, la crise financière a sonné le glas des assureurs «monoliners» qui permettaient auparavant de donner une note satisfaisante aux financements et donc d’attirer les investisseurs. Sans ce rehaussement de crédit, il est peu probable que des acteurs privés acceptent de souscrire des obligations notées hors de la catégorie investment grade et présentant le plus souvent une maturité supérieure à 25 ans.

La Commission européenne a présenté hier son projet pour remédier à ce manque de ressources. Dans son initiative « Emprunts obligataires Europe 2020 pour le financement de projets », elle propose d’absorber, avec l’aide de la Banque européenne d’investissement (BEI), une partie du risque inhérent aux projets. Concrètement, la BEI jouerait le rôle de rehausseur de crédit en offrant sa garantie sur les obligations émises pour financer le projet. Ces titres qui formeraient une nouvelle classe de produits obligataires, les project bonds, seraient ainsi notés AA ou A. Pour qu’ils restent classés dans la catégorie d’investissement à un niveau attractif pour les investisseurs dans la plupart des scénarios, «une garantie représentant un maximum de 20 % du financement obligataire global du projet serait nécessaire, précise la Commission. Si elle était intégralement tirée, cette garantie serait capable de couvrir le service de la dette pendant plusieurs années.» Avec ce mécanisme, les investisseurs, que le manque de savoir-faire dans le domaine des infrastructures peut rendre prudents sur ces projets, bénéficieraient en outre de l’expertise de la BEI en matière de due diligence et de suivi des dossiers.

La Commission soumet à consultation son projet jusqu’au 2 mai. L’institution veut ainsi tester l’appétit des investisseurs, en particulier des institutionnels, des fonds de pension et des compagnies d’assurances, pour un tel instrument de dette. Si le projet est mené à bien, les premières obligations de projet seront émises en 2014.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...