L’euro remonte devant une BCE attentiste

La Banque centrale n’a pas laissé entendre de changement immédiat de sa politique monétaire
Solenn Poullenec
Illustration: Audrey Millet
Illustration: Audrey Millet  - 

L’euro/dollar s’est rapproché de son plus haut depuis le début de l’année hier alors que le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a laissé sa politique monétaire inchangée et que le premier ministre italien, Enrico Letta, a remporté le vote de confiance de son parlement. L’euro/dollar est monté jusqu’à 1,36 hier contre 1,352 en début de journée et un pic annuel atteint en février à 1,364. La monnaie unique s’appréciait aussi face à la livre à 0,83 et face au franc suisse à 1,225.

Interrogé sur le niveau de l’euro, Mario Draghi, a rappelé que ce n’était pas une cible de la banque centrale même s’il a prévenu qu’il se montrait attentif à ses évolutions et à ses effets sur l’inflation. La monnaie unique reste bien moins forte qu’à l’été 2011 où l’euro/dollar avait atteint 1,48. «Dans l’ensemble, le ton de la conférence de presse [de la BCE] n’était pas assez celui d’une colombe pour laisser attendre une action immédiate, ce qui s’est ressenti dans la réaction de l’euro après la réunion», commente l’économiste de Crédit Agricole CIB, Frederik Ducrozet.

La monnaie unique a sans doute été également soutenue par la confiance que le parlement italien a finalement accordé au premier ministre Enrico Letta. Sous la pression de leur chef de file, Silvio Berlusconi, des élus du Parti de la Liberté menaçaient de voter contre lui et donc d’ouvrir une nouvelle crise ministérielle. Le Cavaliere, qui risquait d'être mis en minorité dans son propre parti, s’est finalement rallié au chef du gouvernement. Seuls 70 sénateurs ont signifié leur défiance à Enrico Letta tandis que 235 élus lui apportaient leur soutien. Les marchés obligataires ont peu réagi à cette bonne nouvelle.

Depuis sa dernière conférence en septembre, la BCE n’a guère changé de vues. A ses yeux, la reprise continue d’être très faible et risque toujours de s’estomper. Comme le mois dernier, les banquiers centraux ont débattu d’une baisse des taux mais les ont laissés inchangés. L’institution a simplement réitéré son engagement à maintenir les taux à un niveau bas, voire plus bas, pour une période prolongée (forward guidance). Même si l’inflation estimée dans la zone euro en septembre était très faible, à 1,1%, Mario Draghi a expliqué que cette évolution était conforme aux projections. Dans ce contexte, la plupart des économistes n’attendent pas de nouvelle baisse de taux.

Mario Draghi s’est de nouveau dit attentif à l’évolution des marchés monétaires. Il a rappelé qu’il était prêt à lancer une nouvelle opération de refinancement à long terme (LTRO) si c’était nécessaire, tout en soulignant que des liquidités ne pouvaient pas remplacer du capital.

Beaucoup d’économistes jugent toujours probable une nouvelle LTRO. Ceux de Barclays s’attendent à ce qu’elle soit annoncée «d’ici à la fin de l’année, probablement avec des caractéristiques différentes [des deux précédentes]». Chez UniCredit, Marco Valli s’attend aussi à une nouvelle forme d’opération et évoque un mécanisme proche du Funding for Lending Scheme de la Banque d’Angleterre.

Mario Draghi a insisté sur le fait que la revue de qualité des actifs serait transparente, rigoureuse et plus crédible que les précédents stress tests car chapeautée par la BCE et surveillée par un acteur du privé. Il a précisé que la définition des prêts défaillants devrait être harmonisée. Le calendrier sera précisé dans la deuxième quinzaine d’octobre.

{"title":"","image":"80217»,"legend":"L\u2019euro\/dollar est mont\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 1,36 hier. Illustration L’Agefi.»,"credit":""}

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...