L’Espagne réussit son test obligataire malgré les tensions politiques

Les soupçons de corruption qui fragilisent Mariano Rajoy n’ont pas empêché Madrid de lever 4,611 milliards d’euros au-delà de l’objectif visé
Krystèle Tachdjian

Madrid a fait mieux que prévu pour son adjudication à moyen et long terme. Le Trésor espagnol a en effet réussi à lever 4,611 milliards d’euros d’obligations à échéance 2015, 2018 et 2029, soit un montant supérieur à l’objectif initial de 4,5 milliards mettant ainsi au second plan la résurgence du risque politique lié aux soupçons de corruption qui pèsent sur le chef du gouvernement, Mariano Rajoy. Pour se financer, l’Espagne seul pays en Europe à augmenter son appel au marché en 2013 a toutefois dû concéder des rendements moyens en hausse.

Dans le détail, le pays a émis 1,948 milliards de titres à échéance 2015 à un rendement moyen de 2,823% contre 2,476% lors de la dernière émission du 10 janvier. La demande pour la dette à horizon 2015 a été 2,2 fois supérieure au montant vendu contre un ratio de couverture d’environ 2,1 le mois dernier. Le Trésor a aussi placé pour 2,070 milliards de dette à maturité 2018 avec un rendement moyen de 4,123%. Lors de sa précédente adjudication, le 17 janvier, l’Etat espagnol avait offert un rendement de 3,77%. Il a aussi vendu 593 millions de dette à plus long terme à échéance 2029. Le rendement moyen est ressorti à 5,787% contre 4,849% lors de la dernière émission similaire en 2010.

Cette opération constituait le premier test important pour l’Espagne sur le marché primaire depuis le scandale de versements de fonds occultes qui égratigne le pouvoir en place, soulignent les économistes de Crédit Agricole CIB. Ils estiment que le volume important de la demande démontre la capacité de l’Espagne à attirer les investisseurs. Le taux obligataire espagnol à 10 ans a reflué hier d’environ 2,3 points de base à quelque 5,395 % après avoir évolué à la hausse dans les premières heures qui ont suivi l’adjudication. Dans son sillage, le taux d’emprunt italien à 10 ans a reculé de quelque 1,5 pb à 4,557%.

Depuis plusieurs semaines, les incertitudes politiques en Espagne, et aussi en Italie avec le retour en force de Silvio Berlusconi dans la course aux élections législatives de fin février ont conduit à un écartement des taux directeurs des pays de la périphérie. De quoi venir rappeler que le chemin de la stabilisation en zone euro reste semé d’embûches.

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