Les rachats de la BCE révèlent des fractures entre pays

L’accélération des rachats globaux au mois de mai masque une forte réduction de la maturité moyenne des obligations acquises par la Bundesbank.
Patrick Aussannaire

L’accélération des rachats de titres de la BCE au mois de mai révèle une fracture entre les pays de la zone euro dans les maturités ciblées. Le troisième rapport mensuel publié par l’autorité dressant les détails de son programme PSPP a confirmé la hausse des rachats d’obligations d’Etat signalée par Benoît Coeuré mi-mai, qui ont atteint 51,6 milliards d’euros le mois dernier, soit environ 4 milliards de plus que ceux réalisés sur les mois de mars et avril. En incluant les rachats d’ABS et de covered bonds, le montant atteint 63 milliards d’euros et dépasse de 3 milliards celui des deux mois précédents.

Or, «les rachats de titres d’Etat devraient s’intensifier en juin d’un niveau équivalent à une semaine d’activité, soit une hausse de 25% (à 65 milliards)», estime Crédit Agricole CIB.Mais c’est surtout la structure des rachats par pays qui attire l’attention. Le rapport révèle ainsi que la maturité moyenne des obligations publiques acquises par la Bundesbank a chuté de 7,9 ans en moyenne sur avril à 7,11 en mai et à 5,7 ans sur l’ensemble des titres, alors que la maturité des obligations allemandes éligibles au PSPP est de 9 ans. «Difficile de savoir si la Bundesbank devra rattraper son retard en termes de duration et ce d’autant plus que le plafond de 25% risque d’être relevé au quatrième trimestre pour les obligations sans clauses d’actions collectives. Cela étendrait l’univers éligible et réduirait toute contrainte de capacité à laquelle la Bundesbank pourrait être confrontée si le programme est mené jusqu’à son terme en septembre 2016», estime SG CIB.

Si les Pays-Bas et le Luxembourg ont également réduit la duration de leurs rachats en mai, le Portugal a quant à lui augmenté la maturité moyenne des obligations acquises, à 10,8 ans. Un niveau bien supérieur à la maturité moyenne des titres éligibles, de 8,3 ans, alors que l’Italie, l’Espagne et l’Irlande ont également procédé à des achats de titres d’une maturité supérieure à leur univers éligible depuis le lancement du PSPP.

«Des achats aussi intenses de la BCE devraient aider les obligations européennes à résister aux pressions haussières subies par les rendements des Treasuries», estime SG CIB. Les obligations périphériques ont sous-performé celles des pays cœur, avec un écartement du spread à 10 ans contre Bund de 49 pb au Portugal, 32 pb en Espagne et 34 pb en Italie depuis un mois.

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