Les Pays-Bas luttent pour conserver leur crédibilité budgétaire

Le rendement des obligations néerlandaises à 10 ans n’est plus qu'à 15 points de base du niveau de celui des obligations françaises comparables
Patrick Aussannaire

Faisant toujours partie du club restreint des pays européens notés AAA, les Pays-Bas semblent perdre leur statut de valeur refuge. Le rendement des obligations d’Etat néerlandaises a atteint 2,06% vendredi, soit un écart avec celui des obligations françaises qui s’est resserré à seulement 15 points de base (pb), son plus faible niveau depuis le 2 mai dernier, alors qu’il se montait à 50 pb à la fin de l’année dernière. Si l’écart remontait légèrement hier à 17 pb, Ben Emons, gérant chez Pimco, estime que les rendements néerlandais «pourraient rejoindre ceux de la France si les Pays-Bas sont dégradés et si l’économie continue de se contracter».

L’écart avec le rendement allemand s’est accru de 21 pb depuis le 31 décembre dernier pour atteindre 39 pb hier. Si ce niveau reste comparable à celui qui sépare les rendements autrichien et allemand, il est supérieur au spread finlandais, qui a progressé de seulement 7 points sur la période, à 27 pb. «La courbe de taux néerlandaise s’est clairement écartée de la courbe finlandaise», estime Jan Von Gerich, stratégiste en chef chez Nordea Bank à Helsinki. Hier, le Trésor a adjugé 2,21 milliards d’euros de billets de trésorerie à 85 jours à un taux zéro, et 1,08 milliard de titres à 205 jours à un taux moyen de 0,02%.

Et la récession qui sévit dans l’économie du pays remet en cause la crédibilité budgétaire des autorités. Afin de respecter les limites en terme de déficit public imposées par Bruxelles et conserver ainsi son rôle politique auprès de l’Allemagne comme garant de l’austérité, le nouveau gouvernement néerlandais dirigé depuis novembre dernier par Mark Rutte s’est engagé la semaine dernière sur un programme de réduction des dépenses publiques de quelque 6 milliards d’euros, qui devrait être entériné après l’été.

Or, Jan Von Gerich estime que la coalition au pouvoir pourrait avoir du mal à s’entendre sur les mesures fiscales à mettre en place. Dans ce cas, «il existe un risque croissant que les marchés considèrent cela comme un dérapage fiscal, dans un contexte de persistance de la faiblesse de l’activité», ajoute-t-il. Le AAA néerlandais est sous perspective négative chez Fitch, Moody’s et S&P, alors que le taux de chômage a atteint 6,8% en juin et que le gouvernement table sur une contraction du PIB de 1% cette année, avant un modeste rebond de 1% en 2014.

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