Les investisseurs deviennent plus sélectifs sur les émissions de dette bancaire

Le report des émissions d’AIB, Nomura, ASR et Santander s’explique par le prix exigé dans des volumes d’offres importants sur le mois de novembre.
Patrick Aussannaire

L’appétit des investisseurs pour le marché primaire de la dette bancaire n’est pas infini. Malgré le concours de Deutsche Bank, JPMorgan, Morgan Stanley et Natixis chargées de l’opération, AIB Mortgage Bank, filiale d’Allied Irish Banks sous contrôle de l’Etat irlandais, a été contrainte mercredi de reporter une émission de covered bonds à 10 ans.

«L’humeur de marché s’est détériorée ces 24 dernières heures, comme le montre le report d’un certain nombre d’émissions de la part du secteur bancaire», a expliqué l’établissement dont les résultats des stress tests n’étaient «pas convaincants avec un ratio CET1 en scénario adverse 2016 de 6,9% mais négatif à -3,6% sous les normes ‘fully loaded’», comme le rappelle Marnik Hinnekens, responsable crédit chez Tullett Prebon.

«Les investisseurs sont toujours très sélectifs sur les nouvelles émissions bancaires subordonnées depuis la nationalisation de Banco Espirito Santo et la nouvelle réglementation TLAC introduite en novembre» qui joue sur les besoins bancaires, ajoute Marnik Hinnekens.

L’assureur néerlandais ASR a également reporté une émission en euros à 10 ans à un spread de 110 pb au-dessus du taux mid-swap, ainsi que Nomura sur une émission à 5 ans en livre sterling à un spread de 135 pb, et Santander Consumer Bank sur du 3 ans euros à +40 pb. Les exigences des émetteurs en termes de prix semblent notamment en cause. «Les prix toujours plus bas rencontrent naturellement les réticences des investisseurs à un certain moment», estime ainsi Dominique Daridan, analyste crédit chez Aurel BGC. Dans ce contexte, «une certaine indigestion de la part des investisseurs n’est pas surprenante», estime Juan Valencia, analyste crédit chez SG CIB.

«On se dirige vers la fin de l’année et les rendements ont été plutôt exceptionnels jusqu’à présent (7,75% sur l’investment grade et 5,59% sur le high yield) et supérieur aux attentes. Une large partie des investisseurs cherchent ainsi dorénavant à protéger leur performance en restant à l’écart du marché», ajoute Juan Valencia. Sur novembre, le volume total d’émissions a atteint 60 milliards d’euros tous segments confondus, mais avec des investisseurs qui «semblent plus preneurs de risques sur les signatures corporates», comme le précise Marnik Hinnekens.

L’émission à 5 et 10 ans de 2,5 milliards d’euros réalisée cette semaine par GlaxoSmithKline a ainsi été cinq fois sursouscrite.

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