Les institutionnels expriment leurs doutes en matière d’investissement responsable

Selon le baromètre d’Amadeis, un investisseur sur deux n’y croit pas. Seul un quart d’entre eux envisage une allocation en matière d’ISR en 2013
Antoine Landrot

Si la thématique de l’investissement socialement responsable (ISR) est un argument commercial fréquent chez les gestionnaires d’actifs, qu’en pensent leurs clients, les investisseurs français? Certains de ceux qui se sont exprimés dans le baromètre annuel d’Amadeis sont pour le moins dubitatifs.

Le cabinet de conseil spécialisé dans la gestion a interrogé 66 caisses de retraite et de prévoyance, mutuelles, banques, fondations et associations – qui représentent entre 200 et 300 milliards d’euros d’actifs sous gestion – dans les premiers mois de l’année 2013. Il en ressort qu’un investisseur sur deux (52% exactement) n’est pas convaincu par l’engagement des gérants en matière d’investissement responsable.

«Ce marché est porté par quelques acteurs très convaincus, mais il a peu évolué, note Frédéric Petiniot, associé d’Amadeis. Dans le contexte de crise que connaissent les marchés depuis plusieurs années, les investisseurs préfèrent se concentrer sur les performances et ils craignent que l’ISR ne conduise à une déperdition de rendement. Ils estiment que c’est un luxe qu’ils peuvent se permettre dans un environnement stabilisé et positif.»

Or si 2012 a été l’année du redémarrage en Bourse, surtout au second semestre, les incertitudes macroéconomiques demeurent fortes et sont encore en mesure de peser sur les marchés. Les investisseurs n’ont ainsi pas changé d’opinion entre les deux dernières éditions de l’étude: seuls 24% d’entre eux ont élaboré des projets ISR en 2013, contre 25% pour l’année précédente. «Certains, en outre, n’y croient pas et estiment que l’impact de cette stratégie est nul en matière de responsabilité sociale», ajoute Frédéric Petiniot.

D’ailleurs, les chiffres de l’année 2012 publiés jeudi par Novethic, centre de recherche sur l’ISR filiale de la Caisse des dépôts, corroborent cette réticence. Si les encours ont progressé de 29% et atteignent 149 milliards d’euros, c’est en partie grâce à un effet marché positif et, en gestion déléguée, à la conversion de mandats à l’ISR pour le compte d’assureurs privés. Mais la collecte nette en gestion collective est restée négative en 2012 (-1,4 milliard d’euros), comme en 2011 (-2,4 milliards d’euros). En outre, le rythme de progression des encours ralentit, puisque leur montant avait crû de 69%.

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