
Les indicateurs des déséquilibres économiques passent le test du débat

Un accord dans la douleur. Sur la question centrale des indicateurs macroéconomiques, les ministres des Finances du G20 ont réussi à s’entendre. Une petite victoire pour la présidence française, même si elle s’en défend, tant les intérêts paraissaient divergents. «Les négociations ont été franches, parfois tendues, toujours très respectueuses et elles ont fait l’objet d’un compromis final dont on ne peut pas dire qu’il est attribuable à tel ou tel», a estimé la ministre de l’Economie Christine Lagarde. Mais la Chine, soucieuse de voir sa politique monétaire épinglée, a laissé planer au fil des deux jours de discussions la menace d’un échec.
Après le ralliement d’entrée de jeu de l’Allemagne au scénario d’un consensus et sans discours audible et structuré des émergents, Pékin s’est toutefois retrouvé bien seul dans le camp des réfractaires au consensus. L’accord stipule que ces indicateurs macroéconomiques, destinés à évaluer les déséquilibres économiques des pays, s’appuient à la fois sur des facteurs internes (dette et déficits publics d’une part, taux d’épargne et endettement privé d’autre part) et externes (balance des comptes courants).
Plus précisément, la mesure de ces déséquilibres extérieurs se fera «à partir de la balance commerciale, des flux nets de revenus d’investissement et des transferts, en tenant pleinement compte du taux de change et des politiques budgétaire, monétaire ou autre». Si la Chine a lâché du lest en acceptant que soit mentionné le taux de change, elle a en revanche tenu bon en évacuant les réserves de changes. Un enjeu central pour le pays, dont les réserves sont estimées à plus de 2.000 milliards d’euros, majoritairement de la dette américaine sur laquelle il perçoit des intérêts.
Ces indicateurs «non contraignants» et qui ne sont pas des «cibles», a précisé la ministre de l’Economie Christine Lagarde, doivent être évalués dans le cadre de «lignes directrices indicatives» qui seront déterminées d’ici la prochaine réunion du G20 Finances en avril, à Washington. Cette phase devra prendre en compte les «circonstances nationales et régionales, y compris celles des grands producteurs de matières premières». Le Fonds monétaire international fournira dans un deuxième temps en octobre «une évaluation des progrès réalisés en matière de viabilité de la position extérieure et de cohérence des politiques».
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TikTok : un accord sino-américain trouvé sur un contrôle national et la gestion des données
Washington - Un accord a été trouvé entre les États-Unis et la Chine concernant TikTok, la version américaine de la plateforme devant selon Washington passer sous contrôle national, a déclaré mardi Donald Trump. «Nous avons un accord pour TikTok. J’ai conclu un accord avec la Chine. Je vais parler vendredi au président (chinois) Xi (Jinping) pour tout confirmer», a dit le président américain à des journalistes avant de partir pour une visite d’État au Royaume-Uni. Le chef de l’État américain avait déjà fait état lundi d’une résolution du dossier TikTok, à formaliser avec son homologue chinois. Selon le secrétaire au Trésor des États-Unis Scott Bessent, le protocole prévoit que la plateforme de partage de courtes vidéos passe sous contrôle américain avec l’entrée ou la montée au capital d’un ou plusieurs investisseurs basés aux États-Unis. Lundi, l’adjoint au responsable de l’Administration chinoise du cyberespace (CAC), Wang Jingtao, a indiqué que les parties s'étaient entendues sur «l’utilisation sous licence de l’algorithme» et d’autres fonctionnalités protégées par la propriété intellectuelle. L’accord implique également que la maison mère de la plateforme, ByteDance, «confie la gestion des données et de la sécurité des contenus des utilisateurs américains» à un tiers, selon le dirigeant chinois. Cette question de la propriété de l’algorithme et du contrôle des données des utilisateurs est au cœur des préoccupations des élus américains. Le Congrès a adopté, au printemps 2024, une loi imposant à ByteDance de céder le contrôle de TikTok aux États-Unis sous peine d’interdiction. Ce texte visait à empêcher que les autorités chinoises ne puissent mettre la main sur des données personnelles d’utilisateurs de TikTok aux États-Unis ou ne soient en mesure d’influencer l’opinion américaine via le puissant algorithme du réseau social. TikTok a admis que des employés basés en Chine avaient eu accès à des données d’utilisateurs américains, mais a assuré que rien n’avait été communiqué au gouvernement chinois. La possibilité pour TikTok US d’utiliser l’algorithme, qui resterait propriété de ByteDance, et non une séparation pure et simple, ne résoudrait pas totalement les questions soulevées par le Congrès. La date limite, initialement fixée au 19 janvier, a déjà été repoussée à trois reprises par le président Trump. Selon plusieurs médias américains, un protocole avait été trouvé en avril, avant que les relations commerciales et diplomatiques entre Chine et Etats-Unis ne se tendent brutalement, sur fonds de nouveaux droits de douane. Il prévoyait la participation du groupe informatique Oracle, qui héberge déjà les données de TikTok US sur ses serveurs américains, ainsi que du gestionnaire d’actifs Blackstone et de l’entrepreneur Michael Dell. D’autres candidats à un rachat de la plateforme s'étaient positionnés, en particulier le «Project Liberty» de l’entrepreneur Frank McCourt et la start-up d’intelligence artificielle (IA) générative Perplexity AI, chacun voulant intégrer l’application à un modèle plus large. © Agence France-Presse