
Les gérants d’actifs restent confiants en dépit d’une mauvaise fin d’année

La collecte des grands gérants d’actifs européens a payé un lourd tribut aux mauvaises conditions de marché de la fin 2018. La collecte nette sur les fonds européens ouverts s’est limitée à 62 milliards d’euros l’an dernier, contre 846 milliards en 2017, selon les données d’Amundi et de Broadridge Financial Solutions. Surtout, le gros de cette collecte a été réalisé sur le seul premier trimestre (+163 milliards d’euros), les trois suivants ayant été marqués par des décollectes nettes de -4 milliards, -8 milliards et -88 milliards d’euros, respectivement.
A l’échelle mondiale, la collecte nette des fonds ouverts au public et des ETP (exchange traded products) s’est élevée à 606 milliards de dollars (536 milliards d’euros) en 2018, son plus faible niveau depuis 2011, après 2.000 milliards de dollars en 2017, d’après Morningstar. Dans le détail, les fonds indiciels ont attiré 695 milliards de dollars, alors que ceux gérés de façon active ont subi 87 milliards de dollars de sorties nettes. Et les fonds obligataires affichent une collecte nette de seulement 156 milliards de dollars, au plus bas depuis 2013, contre 891 milliards de dollars en 2017. Les fonds actions ont de leur côté engrangé seulement 352 milliards de dollars, contre 604 milliards de dollars en 2017.
La montée du protectionnisme, les tensions géopolitiques et la forte volatilité des marchés ont conduit les investisseurs à faire preuve d’attentisme. Voire à retirer purement et simplement une partie des capitaux qu’ils avaient investis. UBSen sait quelque chose, qui a vu sa division de gestion de fortune subir une décollecte nette de 7,9 milliards de dollars (7 milliards d’euros) d’octobre à décembre. Dans le même temps, le pôle de gestion d’actifs de la banque suisse a enregistré 4,9 milliards de dollars de retraits nets. Idem pour DWS, le gérant d’actifs de Deutsche Bank, qui a accusé une décollecte nette de 7 milliards d’euros au dernier trimestre 2018. L’ordre de grandeur a été voisin chez Amundi, avec une décollecte nette de 6,5 milliards d’euros au quatrième trimestre. Mais celle-ci a essentiellement porté sur le segment institutionnel, moins lucratif que celui du retail.
Malgré la persistance de l’aversion pour le risque, plusieurs gérants d’actifs ont maintenu leurs objectifs de collecte. Amundi table toujours sur une collecte nette cumulée de 150 milliards d’euros sur la période 2018-2020 et DWS campe sur son objectif de 20 milliards d’euros par an environ par an, à moyen terme.
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Londres : des hôtels accueillant des demandeurs d'asile pris pour cible par l'extrême droite
Londres - Dans la capitale britannique, plusieurs hôtels hébergeant des demandeurs d’asile ont été pris pour cible lors de manifestations anti-immigration, suscitant désormais la crainte de ceux qui y sont logés mais aussi de certains habitants. L’entrée de l’hôtel Thistle Barbican, qui héberge quelque 600 demandeurs d’asile dans le centre de la capitale, est bloquée par des barrières en acier et des planches de bois. «Je ne me sens pas en sécurité parce que les gens pensent que nous sommes leurs ennemis», déclare l’un d’eux à l’AFP, préférant rester anonyme. Cet homme originaire d’un pays africain y est logé depuis deux ans, pendant l’examen de sa demande d’asile, en vertu de l’obligation du gouvernement britannique de lui fournir un toit. Mais «ces deux derniers mois, les gens ont changé», dit-il, ressentant une hostilité croissante après les manifestations de l'été en Angleterre. Celles-ci ont démarré devant un hôtel d’Epping, au nord-est de Londres, où un demandeur d’asile qui y était hébergé a été accusé d’avoir notamment tenté d’embrasser une adolescente de 14 ans. Il a été condamné pour agressions sexuelles la semaine dernière. La colère a aussi enflé sur les réseaux sociaux, avec des publications accusant les migrants d'être logés dans des hôtels luxueux et de bénéficier d’avantages dont les Britanniques sont privés. «Je ne suis pas ici pour m’en prendre aux femmes ou aux enfants, mais pour obtenir une protection», défend le demandeur d’asile interrogé par l’AFP, regrettant que certains manifestants ne les considèrent pas «comme leurs égaux». Les résidents de l’hôtel ont «très peur maintenant», abonde Mo Naeimi, réfugié iranien de 29 ans qui y a lui-même été hébergé par le passé, et travaille pour une association aidant les demandeurs d’asile. À l’extérieur de l’hôtel, des manifestants ont peint les couleurs du drapeau de l’Angleterre - une croix rouge sur fond blanc - sur des murs ou des cabines téléphoniques. Ces dernières semaines, les étendards anglais et britannique ont essaimé dans le pays, une démonstration de patriotisme largement alimentée par l’extrême droite et liée à ces manifestations anti-immigration. Elles interviennent au moment où le gouvernement de Keir Starmer peine à endiguer les traversées clandestines de la Manche, avec plus de 30.000 arrivées de migrants sur des petits bateaux depuis début janvier. «Tension palpable» En face du Thistle Barbican, un commerçant d’origine pakistanaise, arrivé à Londres il y a 20 ans, a accroché le drapeau anglais dans sa vitrine. La raison: il veut protéger son entreprise et ses employés immigrés des manifestants, explique-t-il. «Je ne suis pas blanc, bien sûr que j’ai peur», confie cet homme de 45 ans à l’AFP. «Ils pourraient venir casser les fenêtres et nous attaquer à la place» des demandeurs d’asile, dit-il, ajoutant que ces derniers n’ont jusque-là posé «aucun problème». Dans l’est de la capitale, le quartier d’affaires de Canary Wharf a aussi été secoué par des manifestations après l’annonce en juillet que l’hôtel Britannia allait héberger des demandeurs d’asile. Lorsque Britt-Marie Monks, commerçante de 43 ans vivant à proximité, a appris la nouvelle, son «coeur s’est arrêté», raconte-t-elle à l’AFP. Cette mère de famille dit aussi bien se méfier des demandeurs d’asile logés que des personnes venant manifester leur colère devant l’hôtel, et elle «évite» désormais la route qui passe à côté. Andrew Woods, ancien conseiller municipal, juge que la présence de l’hôtel a «divisé» les habitants. En marge d’une manifestation, des affrontements ont éclaté avec la police dans un centre commercial haut de gamme du quartier d’affaires, conduisant à l’arrestation de quatre personnes. «C’est le dernier endroit où je m’attendrais que ça arrive», s'étonne Ziaur Rahman, expert en informatique qui vit et travaille à Canary Wharf. Pour Britt-Marie Monks, il s’agit principalement d’habitants frustrés qui voudraient que le gouvernement s’occupe de leurs problèmes en priorité. Mais Mo Naeimi craint que les demandeurs d’asile servent de boucs émissaires, à un moment où les conditions de vie se dégradent pour certains Britanniques. Samedi, l’activiste d’extrême droite Tommy Robinson organise à Londres une grande marche pour la défense de la «liberté d’expression», qui fait craindre que les hôtels hébergeant des demandeurs d’asile soient à nouveau ciblés. "Ça va s’intensifier», prédit Britt-Marie Monks, qui dit ressentir «une tension palpable» dans l’air. Akshata KAPOOR © Agence France-Presse