Les économistes sont réservés sur les nouveaux refinancements de la BCE

Ils s’interrogent encore sur l’efficacité des TLTRO qui doivent inciter les banques à prêter aux entreprises et aux ménages
Solenn Poullennec

De nombreux économistes sont sceptiques sur l’efficacité potentielle des opérations de refinancement annoncées par la BCE le 5 juin pour inciter les banques à prêter aux entreprises et aux ménages. Aux mois de septembre et décembre prochains, la BCE lancera deux premières targeted long-term refinancing operations (TLTRO) d’une maturité de 4 ans.

Les banques pourront alors emprunter jusqu’à 7% de leur encours de prêts au secteur privé non financier (hors immobilier) soit jusqu'à 400 milliards d’euros. Entre mars 2015 et juin 2016, sur base trimestrielle, la BCE leur accordera jusqu’à trois fois le montant de leurs prêts nets à l’économie. Le taux de ces TLTRO sera fixé 10 pb au-dessus du taux des opérations de refinancement (MRO) qui sera à 0,15% à partir de demain.

Selon les économistes de RBS, ce taux fixe peut être vu comme une assurance de quatre ans contre la remontée des taux: «plus vous êtes soucieux du fait que, potentiellement, les hausses de taux pourraient intervenir tôt, plus vous êtes susceptibles de participer», écrivent-ils, avant de noter que la probabilité d’une hausse prochaine des taux paraît faible à ce stade. La BCE a prévenu que les banques seraient obligées de rendre de la liquidité si elles ne prêtent pas suffisamment aux entreprises et aux ménages. Cependant, «il n’est pas forcement du ressort d’une banque de satisfaire à ses obligations de crédit», rappellent les économistes. Cela dépend également de la demande de crédit, du risque, du niveau d’activité et de l’accessibilité des marchés de capitaux.

«Nous ne connaissons pas l’élasticité de la demande de crédit aux changements de taux mais dans un contexte de préférence pour la réduction du bilan (deleveraging) dans certaines parties de la zone euro, cette élasticité pourrait être plus faible que d’habitude», ajoutent les économistes de Deutsche Bank. Par ailleurs, ces TLTRO pourraient être «considérées simplement comme une extension de quatre ans mais moins chères que les LTRO existantes (25 pb contre 65 pb)».

Les économistes de Barclays sont aussi prudents sur les TLTRO car les freins au crédit «sont davantage liés à des contraintes en capital qu’à un manque de liquidité». La recherche crédit de RBS précise que le financement peu cher de la BCE permettrait aux banques d’améliorer la rentabilité des prêts consentis, mais dans les pays périphériques où les taux de défaut des emprunteurs sont élevés, cette «subvention» pourrait être insuffisante.

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