Les devises émergentes font les frais de la remontée du dollar

Depuis mi-avril, le real brésilien et le dollar australien se sont chacun dépréciés de 11% contre le billet vert, et le rand sud-africain de 12%
Patrick Aussannaire

Le marché des devises émergentes est en mode panique», estime Guillaume Salomon, stratégiste à la Société Générale En effet, depuis la fin avril, et notamment suite au discours du président de la Fed, Ben Bernanke, évoquant pour la première fois la possibilité d’une réduction du QE3 dans les prochains mois, les devises émergentes et «matières premières» ont sensiblement corrigé.

Depuis le 12 avril, le real brésilien a ainsi accusé une chute de 11% contre le billet vert, le dollar australien de 11%, le rouble russe de 5%, le dollar néo-zélandais de 8%, la roupie indienne de 6%, le baht thaïlandais de 7%, le peso mexicain de 7%, alors que la dépréciation du rand sud-africain atteint 12%. Ces deux dernières devises se sont même dépréciées de respectivement 1% et 2% sur la seule séance de jeudi dernier.

Une correction due à la remontée des taux longs mondiaux qui a accentué les prises de profit sur les dettes émergentes locales et les indices boursiers. «Ce qu’il faut avoir en tête c’est que la porte de sortie, quel que soit le marché émergent considéré, est toujours relativement étroite», estime Guillaume Salomon. La semaine dernière, les fonds actions émergents ont subi 5,5 milliards de dollars de sorties, la plus forte décollecte hebdomadaire depuis août 2011, indique BoA Merrill.

Si ING estime que la sous-performance globale des actions émergentes «s’explique surtout par la croissance décevante du monde émergent, tandis que les États-Unis et le Japon ont surpris à la hausse», les plus fortes corrections sur le marché des changes ont été enregistrées ces dernières semaines par le real brésilien, le dollar australien et le rand sud-africain. «Certaines devises émergentes sont aussi pénalisées en raison d’une dégradation de leurs fondamentaux et notamment de leur balance courante et leur croissance économique», explique Natixis.

Pour tenter d’inverser cette tendance, les autorités brésiliennes ont annoncé la suppression de la taxe de 6% sur les entrées de capitaux. «Les devises émergentes devraient de nouveau bénéficier de la recherche de rendements plus élevés, une fois que le marché aura complètement digéré la remontée des taux longs américains», estime Natixis, qui insiste sur le fait que la liquidité mondiale reste abondante.

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