Les collectivités locales font face au désengagement de Moody’s

Même si elles ont peu de choix pour noter leurs opérations, elles continuent de lever de l’argent sur les marchés
Solenn Poullennec

Les collectivités locales, qui ont de plus en plus recours au marché obligataire pour trouver des financements, ne comptent plus vraiment sur les services de Moody’s pour noter leurs opérations. Selon les spécialistes des collectivités interrogés par L’Agefi, l’agence s’est désengagée depuis la fin de l’année dernière environ de ce marché. Ces dernières parviennent toujours à lever de l’argent même si elles espèrent vivement avoir une agence de financement.

Moody’s n’a pas souhaité répondre à nos questions. «En France, beaucoup de contrats pour les gouvernements locaux et régionaux font l’objet d’appels d’offres. Dans beaucoup de cas, les conditions de ces appels d’offres ne sont pas compatibles avec les attentes que nous avons pour les contrats, se contente d’affirmer l’agence. Moody’s continue de noter 14 entités ou structures en France, en vertu de notre franchise (sic) pour les gouvernements régionaux et locaux».

Pour l’instant, les collectivités ne semblent pas souffrir de cette désaffection. «En général, les montants levés par les collectivités sur le marché sont limités: entre 30 et 150 millions d’euros de titres pour une émission. Compte tenu de la taille limitée de ces emprunts et du fait que certains investisseurs peuvent se satisfaire d’une seule notation financière, une seule note peut donc être suffisante, sous certaines conditions, pour assurer à une collectivité un accès au marché», explique Audrey Sebban, spécialiste de l’origination du secteur public chez Crédit Agricole CIB. Dernier exemple en date, la communauté urbaine Marseille Provence Métropole vient de lever 97 millions d’euros à 15 ans et 3,875% en étant notée A+ par Fitch.

En revanche, les investisseurs récurrents comme la Ville de Paris ou l’Ile-de-France ou ceux qui émettent de gros montants, ont plutôt besoin de deux agences, ce qui peut compliquer la donne. «S&P et Fitch sont toujours là mais cette dernière ne bénéficie pas d’une reconnaissance internationale, ce qui ferme des portes pour les investisseurs internationaux», fait remarquer Matthieu Collette, chez Finance Active.

Faute de trouver un accord avec Moody’s, les collectivités ont, au prix d’efforts redoublés, réussi à se passer de note pour leur emprunt groupé de 610 millions d’euros. Les élus espèrent cependant que le gouvernement donnera son feu vert à l’agence de financement des collectivités locales d’ici au congrès des maires fin novembre. Rien n’est moins sûr.

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