Les CDS sur la Grèce et le Portugal se traitent plus cher que les contrats sur leurs banques

C’est l’inverse en Irlande et en Espagne où les secteurs bancaires sont à l’origine de la détérioration des finances publiques
Violaine Le Gall

Etonnamment, le risque de crédit sur les banques périphériques n’est pas toujours plus élevé que celui de leurs Etats d’appartenance. En théorie pourtant, comme le risque souverain est pris en compte pour estimer le risque des émetteurs privés, les contrats de protection contre le risque de défaut (CDS) des établissements financiers devraient être plus tendus que ceux sur les Etats dont ils dépendent.

La situation délicate des Etats périphériques et de leurs secteurs bancaires semble remettre en cause ce principe. Ainsi, en Grèce et au Portugal, le risque sur la dette bancaire est perçu comme étant moins fort que celui sur la dette souveraine, observent les stratégistes crédit de Deutsche Bank dans une étude récente. «Ceci est assez intéressant car il est difficile d’imaginer une restructuration de la dette de la Grèce qui n’aurait pas de conséquences profondes sur le système bancaire, directement, compte tenu des soutiens publics actuels, ou indirectement, en raison de l’impact négatif sur la croissance économique», relèvent les spécialistes.

En revanche, en Irlande et en Espagne, les CDS bancaires se traitent à un niveau plus élevé que les contrats sur les souverains. De fait, à Dublin, ce sont les difficultés du secteur bancaire qui ont provoqué la détérioration des finances publiques. «C’est vrai aussi pour l’Espagne, en raison des caisses, mais dans une moindre mesure», indique Deutsche Bank. La liquidité des marchés et la taille relative des dettes bancaires et souveraines sont aussi des facteurs qui jouent sur l’évolution des CDS, ajoutent les stratégistes de la banque.

En Italie et en Belgique, les spreads des CDS des deux catégories sont équivalents, observent les spécialistes qui ont centré leurs études sur les pays dont les CDS à cinq ans font apparaître une probabilité de défaut supérieure à 10%.

En Grèce, l’attention des marchés pourrait toutefois passer des souverains aux banques, note Deutsche Bank. Si l’économie se détériore subitement, les banques en subiraient les conséquences. Surtout, si les marchés parient davantage sur une restructuration de la dette grecque, il est difficile de croire que la pression sur les banques n’augmenterait pas, expliquent les stratégistes crédit. L'écart de plus de 500 pb entre les CDS des banques (1.000 pb) et celui d’Athènes (1.500 pb environ) semble donc excessif.

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