Les banques rejettent l’idée d’une séparation systématique de leurs activités

Elles redoutent l’isolement des activités de tenue de marché que pourrait imposer Bruxelles dans la lignée du rapport Liikanen
Solenn Poullennec

Les banques européennes accueillent très froidement les projets de séparation des activités bancaires qui devraient être précisées par Bruxelles au début de l’automne. Dans leur réponse à une récente consultation de la Commission sur les suites à donner au rapport Liikanen, elles affirment que la séparation des activités n’est pas nécessaire compte tenu de l’étendue de l’arsenal réglementaire actuel. A leurs yeux, il vaut mieux traiter le risque que peuvent poser certaines activités au cas par cas.

La Fédération bancaire européenne (FBE) rejette catégoriquement l’idée de séparer systématiquement les activités des banques. Pour elle, comme pour le lobby des banques d’investissement (AFME) et celui des acteurs du marché des dérivés (Isda), les régulateurs devraient analyser si les plans de résolution permettent de gérer les activités risquées en cas de crise. Si ce n’est pas le cas, ils pourraient intervenir mais «la séparation devrait être un outil de dernier recours», insiste la FBE.

Pour cibler les banques susceptibles de devoir isoler des activités systémiques, le rapport Liikanen se basait sur les actifs détenus à des fins de transaction et disponibles à la vente (AFS), avec un seuil de 100 milliards d’euros ou de 15 à 25% du bilan. L’EBF juge, comme la Commission, que la catégorie AFS n’est pas pertinente car elle comprend beaucoup d’actifs sûrs et liquides. Plutôt que d’avoir une lecture comptable, la fédération recommande d’utiliser des indicateurs tels que les actifs pondérés par le risque ou encore la Value at Risk (VaR).

Dans sa consultation, la Commission propose soit d’isoler seulement les activités de trading pour compte propre, soit de séparer également la tenue du marché, soit encore de mettre de côté toutes les activités de banque d’investissement. Selon l’EBF, il est très difficile de distinguer trading pour compte propre et tenue de marché. Qui plus est, isoler les deux conduirait les banques européennes à se désengager des activités de marché utiles aux entreprises.

Ces craintes sont partagées par l’Association européenne des trésoriers d’entreprise (EACT), pour qui la séparation de la tenue de marché «augmenterait les coûts de financement pour les entreprises». Ces arguments sont en revanche battus en brèche par l’ONG Finance Watch. Elle plaide pour une séparation systématique des activités de trading, tenue de marché y compris car elle «pourrait réduire les coûts de financement de l’économie réelle».

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