Les banques centrales européennes pointent du doigt la notation des titrisations

La BCE et la BoE s’inquiètent notamment du plafonnement de la notation des ABS par rapport à la note de l’Etat d’origine des transactions
Solenn Poullennec

Les banques centrales se montrent plutôt sceptiques vis-à-vis des méthodes de notation des titrisations par les agences. Dans un papier publié la semaine dernière sur la nécessaire relance du marché européen des ABS, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre (BoE) pointent du doigt le lien systématique qui est souvent fait entre la notation de la dette d’un pays et celle des opérations qui y sont émises.

Pour les banques centrales, «la dépendance vis-à-vis des notes des agences peut conduire à des effets pro-cycliques injustifiés». Elles rappellent que les «actions sur les notes des Etats conduisent indirectement à la dégradation des ABS» et que «dans certains pays, les agences de notation appliquent aussi des plafonds maximum de notation qui ne sont pas liés à la qualité du collatéral sous-jacent en soi mais aux niveaux de notation des Etats».

«Il n’est pas possible d’éliminer entièrement les risques que les problèmes de qualité de crédit d’un Etat pourraient impliquer pour la performance d’une opération de titrisation», justifie l’agence Fitch dans une note. L’agence plafonne, dans la plupart des cas, les notations des titrisations à six crans au-dessus de la note (Issuer Default Rating) des pays dont elles sont originaires. En application de cette méthodologie, Fitch vient par exemple de revoir, positivement, les notations de quelque 113 titrisations irlandaises, portugaises et espagnoles.

Aux yeux de la BoE et de la BCE, cette logique de plafond est problématique car «dans les pays affectés, une notation triple A, la référence pour le marché des ABS, n’est plus atteignable sans la garantie d’une institution supranationale comme le fonds européen d’investissement». La fixation «assez arbitraire» de plafonds devient de plus en plus «intenable» «au regard de la performance des actifs mais aussi compte tenu des réformes structurelles de la structure institutionnelle de la zone euro à commencer par l’union bancaire et le mécanisme de résolution unique», a déclaré Yves Mersch, membre du directoire de la BCE, la semaine dernière.

La BCE et la BoE, qui plaident avant tout pour une révision des exigences en capital imposées pour les titrisations européennes, devraient fournir une présentation plus détaillée de leurs positions au mois de mai prochain.

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