
Les banques affolent les indicateurs de risque sur les marchés
Nouvelle séance mouvementée sur les marchés, où le coup de tabac sur les banques françaises a affecté par ricochet tous les indicateurs de risque. C’est le secteur bancaire qui a poussé les indices actions vers le bas.
Le CAC 40 a touché son plus bas niveau depuis avril 2009, avant de clôturer en baisse de 4,03% à 2.855 points. Les investisseurs sanctionnent les établissements exposés à la dette grecque pour laquelle un défaut organisé se profile et, plus largement à la dette des pays périphériques, qui pourraient être touchés par un mouvement de contagion. Annoncé vendredi dernier, le départ de Jürgen Stark du directoire de la BCE a par ailleurs mis au jour les dissensions au sein de la banque centrale et fragilise l’institution qui joue un rôle majeur dans la gestion de la crise de la dette souveraine.
Le Stoxx 600 sur les valeurs bancaires a chuté de 4,56%. Il a plongé de 35% depuis fin juin mais reste encore loin du plus bas atteint en mars 2009. Dans ce contexte de forte incertitude, l’indice de volatilité sur le Dax ressortait hier à 45,8, son plus haut niveau depuis janvier 2009. Il est cependant bien inférieur au sommet de 74 enregistré en octobre 2008 après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers.
Les investisseurs obligataires sanctionnent également les titres bancaires. Sur le marché des CDS (credit default swap), l’indice iTraxx sur la dette financière senior a atteint un record historique à 314 points de base (pb). Il a grimpé de 163 pb depuis fin juin. La défiance touche aussi les contrats de protection sur les titres non financiers qui restent cependant à des niveaux bien inférieurs à ceux de mars 2009. L’indice iTraxx Crossover qui suit le coût de la protection contre le risque de défaut des émetteurs les plus risqués, s’est ainsi tendu hier de 34,5 pb à 798,5 pb.
La confiance des prêteurs entre eux continue à se détériorer. Malgré les propos rassurants des dirigeants politiques sur la capacité des banques à se financer, les tensions sur le marché interbancaire se sont renforcées hier, comme depuis début juillet. Le spread Euribor - taux de swaps au jour le jour (OIS) à 3 mois, qui traduit les tensions dans le marché à l'égard du risque de contrepartie ressortait hier à 84,6 pb contre un point bas à 13,7 pb en mars dernier. Le spread FRA/OIS à 3 mois, qui marque la différence entre le Libor et le taux au jour le jour (OIS) en dollar anticipé sur le marché des «forward», continue lui aussi de se tendre à 26,3 pb.
Aujourd’hui, les opérations de refinancement à 7 jours et à un mois de la BCE seront donc observées avec attention pour voir s’il y a une hausse de la demande par rapport aux montants arrivant à maturité. Parallèlement, la facilité de dépôt de la BCE est de plus en plus utilisée, «ce qui suggère que de plus en plus de cash est mis de côté, analysent les stratégistes taux de Crédit Agricole CIB. De nouvelles hausses permettront de souligner que l’activité de prêt interbancaire se détériore probablement».
Le marché de la dette souveraine est lui aussi guidé par l’aversion pour le risque. Le défaut de la Grèce se précisant de jour en jour, le rendement à deux ans grec a atteint hier en séance un nouveau sommet à 63,7%. Le taux d’intérêt à dix ans se tend également à 20,4%. Sur le marché des dérivés de crédit, le CDS sur la Grèce se traite à 4.733 pb, ce qui correspond à une probabilité de défaut de 96,3 %, d’après le fournisseur de données CMA. Malgré le risque de contagion, les tensions sont beaucoup moins fortes sur le Portugal et sur l’Irlande dont les taux de rendement à dix ans ressortent à 10,7 % et 8,4 % respectivement.
Les investisseurs se concentrent plutôt sur les deux poids lourds de l’Europe du Sud que sont l’Italie et l’Espagne. Depuis quelques jours, leurs taux longs ont quitté l’ancrage à 5% qui avait été rendu possible par la reprise des achats de titres par la BCE en août. Même si la BCE a annoncé hier avoir 14 milliards d’euros d’obligations la semaine dernière, un montant équivalent à celui de la semaine précédente, les rendements à 10 ans italiens et espagnols se sont tendus de plus de 17 pb, à 5,5% et 5,3% respectivement. Reste à savoir si la BCE accentuera son activité sur le marché pour permettre à l’Italie, aujourd’hui, et à l’Espagne jeudi, d'émettre dans des conditions encore raisonnables. A l’inverse, le rendement du Bund est tombé à 1,71%.
La forte incertitude qui plane sur la zone euro se traduit enfin sur le marché des changes par une nette dépréciation de l’euro face au dollar. Il est tombé hier en séance à 1,35 avant de se relever légèrement à 1,36. Depuis fin août, l’euro/dollar a chuté de 6,5%.
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La Havane - Le courant a été rétabli à Cuba, a annoncé jeudi le ministère de l’Energie et des mines, au lendemain d’une coupure générale, la cinquième en moins d’un an. «Le réseau électrique national est désormais rétabli», a fait savoir le ministère sur le réseau social X. En début de matinée, la compagnie nationale d'électricité avait annoncé que le courant était à nouveau disponible dans 11 provinces sur 15. Dans la capitale, la circulation et les activités ont repris quasiment normalement, a constaté l’AFP. «Le courant est revenu à 3h30 (7h30 GMT) du matin. Nous nous en sommes aperçus parce que nous avions laissé toutes les lumières allumées pour le savoir», a raconté à l’AFP Maria Beltran, 58 ans, qui vit dans un quartier populaire de l’ouest de La Havane. «Hier, ce n’a pas été facile. Nous sommes restés chez nous (...) assis dans un fauteuil toute la journée», a-t-elle ajouté, alors que ces coupures générales paralysent la vie économique de l'île et chamboulent la vie quotidienne des habitants. Mercredi matin, un arrêt de la centrale électrique Antonio Guiteras, la plus importante du pays, située au centre de l'île, a provoqué la déconnexion du système électrique sur l’ensemble du pays. Les autorités ont précisé par la suite que la coupure était due à un signal erroné de surchauffe dans la chaudière de la centrale. Depuis octobre 2024, l'île communiste a ainsi subi cinq pannes généralisées, dont certaines ont duré plusieurs jours. Cette dernière coupure a duré un peu plus de 24 heures. Cuba est en proie depuis cinq ans à une profonde crise économique, avec un manque cruel de devises, et le système électrique vétuste souffre d’avaries fréquentes et de pénuries de combustible. Les huit centrales électriques du pays ont presque toutes été inaugurées dans les années 1980 et 1990. Elles tombent régulièrement en panne ou doivent être arrêtées pour de longues semaines de maintenance. L’installation récente de trente parcs photovoltaïques, soutenue par la Chine, sur les 52 prévus pour cette année, n’a pas permis pour l’heure de faire diminuer les coupures. Pendant les fortes chaleurs l'été, lorsque la consommation atteint des pics à cause de l’utilisation de la climatisation, les délestages se sont multipliés. Selon les autorités, ces coupures programmées ont duré en moyenne près de quinze heures par jour en août et seize heures en juillet, dans tout le pays. Cuba traverse sa pire crise économique depuis trois décennies. Aux faiblesses structurelles de son économie planifiée et centralisée s’ajoutent l'échec d’une réforme monétaire récente et un renforcement de l’embargo américain, en vigueur depuis 1962. © Agence France-Presse