
Les acteurs financiers s’opposent à la relocalisation en UE des activités de compensation

Plusieurs associations de gérants d’actifs, de courtiers et de fonds de pension s’opposent à la proposition de la Commission européenne visant à rapatrier l’activité de compensation des swaps de taux et de change en euro de Londres vers le Vieux Continent. Après le Brexit, l’Europe a accordé une équivalence temporaire à cette activité, largement dominée par les chambres de compensation (CCP) londoniennes, notamment LCH. Cette équivalence a été prolongée en début 2022, « pour la dernière fois », jusqu’au 30 juin 2025. En décembre 2022, la Commission a présenté sa proposition de révision du règlement sur les infrastructures de marché (Emir 3.0). Le consortium, comprenant plusieurs acteurs dont l’Efama (l’Association européenne de gérants d’actifs), PensioenFederatie (le lobby des fonds de pension néerlandais) et l’ISDA (l’Association internationale des marchés dérivés), souligne dans une lettre commune que ces propositions risquent de « perturber et de fragmenter l’écosystème mondial de la compensation ».
L’une des révisions d’Emir 3.0 exige des entités européennes qu’elles établissent un « compte actif » au sein d’une chambre de compensation européenne, afin d’accroître l’attrait de ces infrastructures et de réduire la dépendance excessive sur des CCP de pays tiers. La Commission envisage également d’introduire des seuils quantitatifs pour le compte actif, c’est-à-dire un volume minimum d’activité effectué au sein de la CCP européenne, afin de garantir que le compte reste actif. L’Union européenne sera l’un des seuls marchés de capitaux avancés à disposer d’une telle politique, explique les acteurs financiers.
A lire aussi: Bruxelles veut prendre le contrôle sur la compensation britannique
Cette proposition pourrait avoir un impact négatif sur les marchés financiers européens, ainsi que sur les épargnants et les investisseurs, ajoute la lettre. Les restrictions concernant l’activité de compensation pourraient créer « un désavantage concurrentiel pour les entreprises européennes par rapport à celles des pays tiers, qui pourraient continuer à effectuer des transactions sur les marchés mondiaux sans restriction », expliquent les associations. En d’autres termes, les clients européens qui sont contraints d’utiliser un CCP européen pour se conformer à cette exigence pourraient être obligés d’accepter des prix non compétitifs lorsque le prix proposé par un CCP européen est plus élevé qu’ailleurs. Cela remettrait en question le principe de la meilleure exécution pour le client final, selon le document.
Concernant l’introduction des seuils dans ces comptes actifs, cette mesure « pourrait entraîner une différence significative, volatile et imprévisible des prix entre les chambres de compensation, ce qui augmenterait considérablement les coûts et les risques de couverture pour les clients de l’Union européenne ». Les groupes financiers ont donc demandé l’annulation de cette exigence du compte actif.
A lire aussi: Le règlement sur la résolution des chambres de compensation entre en pleine application
Plus d'articles du même thème
-
L’AMF compte sanctionner lourdement un intermédiaire chypriote
Le gendarme boursier requiert une amende de 300.000 euros à l’encontre de France Safe Media et de 100.000 euros contre son dirigeant Lior Mattouk. Avec pour tous les deux une interdiction d’exercer les mêmes activités pendant cinq ans. -
L’European Finance Forum revient le 5 octobre 2023
Inscrivez-vous pour assister à cet événement exceptionnel ! -
Le FSB s’attaque à la dette non-bancaire
Le Financial Stability Board ouvre une enquête sur l’accumulation de dette en dehors des banques traditionnelles, rapporte le Financial Times. Klaas Knot, le président de l’autorité, a déclaré au FT que cette évaluation visait à affronter les risques grandissants venant des « non-banques », un terme regroupant les hedge funds et le capital privé. « Si nous voulons arriver à un monde où ces vulnérabilités sont moindres, nous devons nous attaquer à ce sujet », dit-il, se référant au rôle clé joué par la dette non-bancaire dans l’alimentation des crises récentes, comme l’effondrement du marché obligataire au début de la pandémie. Klaas Knot estime que le levier non-bancaire « peut potentiellement menacer la stabilité financière ». Le FSB espère annoncer des recommandations sur la surveillance et la limitation de la dette non-bancaire l’an prochain.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Les banquiers centraux jettent un froid sur le marché européen des ETF obligataires
- Amundi s'intéresserait à l'italien Anima
- La SEC a collecté des messages d'employés de sociétés de gestion envoyés sur des messageries privées
- Fonds datés, la résistance dans la tempête
- L’ex-directrice de l’Institut de la finance durable entre dans le private equity
- Carmignac annonce trois arrivées dans les équipes commerciales
Contenu de nos partenaires
-
A boulets rouges
Sophie Binet déclare la guerre aux patrons
La nouvelle secrétaire générale de la CGT joue le rapport de force face aux chefs d'entreprise tant dans les réunions ministérielles que sur les piquets de grève -
Editorial
Climat: le difficile numéro d’équilibrisme du Président
Le chef de l’Etat a beau promettre du concret, de la simplicité, du «positif», la transition écologique est comme le courant électrique : on va invariablement de la borne «plus» vers la borne «moins» -
Tambouille
Loi de programmation des finances publiques: la majorité embarrassée par l'aide du RN
Le parti de Marine Le Pen pourrait s'abstenir sur la LPFP, devenant de fait un allié incontournable de la majorité. Celle-ci réfléchit à l’option d'un 49.3, gênée par l'idée d'afficher une victoire grâce au RN