L’enquête sur la manipulation des taux de changes met la BoE sur la défensive

La Banque d’Angleterre a annoncé hier avoir suspendu un de ses propres salariés dans le cadre d’une investigation interne menée par Travers Smith
Patrick Aussannaire

La très respectable Banque d’Angleterre semble entachée par les manipulations de cours sur le marché des changes, sur lesquelles elle enquête elle-même. Tout en prenant soin de se dédouaner de toute responsabilité, l’autorité britannique a indiqué hier qu’elle avait suspendu un de ses propres salariés «dans l’attente des (conclusions de) l’enquête de la banque sur l’application de ces procédures».

Un nom qui vient se rajouter à ceux des vingt traders intervenant sur le marché des changes qui ont déjà été suspendus, mis en congé forcé ou licenciés par nombre de banques internationales ces derniers mois pour avoir échangé des informations sur les ordres de leurs clients avant la fixation de taux de référence.

Or, un de ces cambistes suspendus aurait fourni des preuves écrites, dans le cadre de l’enquête qui le vise, établissant que des responsables de la BoE auraient été prévenus dès le mois d’avril 2012 que de telles pratiques étaient largement répandues au sein des banques du pays, selon le Wall Street Journal. La banque centrale leur aurait néanmoins assuré à l’époque que ces pratiques n’enfreignaient pas la réglementation en vigueur. Certains d’entre eux auraient même participé à des réunions d’un comité composé des opérateurs de change de la BoE sur ces thèmes.

Les minutes de ces réunions trimestrielles, composées d’opérateurs de l’autorité, montrent que dès 2006 des discussions ont eu lieu concernant «des preuves de tentatives de manipulation de marché autour des heures de fixing». En mai 2008, de nombreux traders auraient fait part de l’opacité des méthodes de calcul de fixing qui entraînaient des difficultés dans la gestion de leurs ordres aux heures de publications quotidiennes du taux de référence. La BoE a mandaté le cabinet Travers Smith pour mener une enquête interne.

«L’analyse approfondie de documents, emails et d’autres comptes-rendus n’a pour le moment pas apporté la preuve que le personnel de la BoE ait pris part de quelque façon que ce soit à la manipulation du marché des changes ou au partage d’informations en provenance de clients», a néanmoins assuré hier l’institution. Mais le Parlement britannique s’est déjà saisi du dossier. Le gouverneur de la BoE Mark Carney, auditionné mardi par la commission du Trésor pour présenter le dernier rapport de la BoE sur l’inflation, sera aussi questionné sur les enquêtes en cours, a déclaré hier le président de cette commission, Andrew Tyrie.

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