L’EBA refuse de faire le tri entre bonne et mauvaise dette souveraine

L’Autorité bancaire considérera tous les emprunts d’Etat comme extrêmement liquides dans le ratio LCR à 30 jours, contrairement aux covered bonds
Alexandre Garabedian

L’Autorité bancaire européenne persiste et signe. L’EBA a publié la semaine dernière deux rapports très attendus sur la composition du liquidity coverage ratio (LCR), le ratio de liquidité à 30 jours en normes Bâle 3 qui imposera dès 2015 aux banques de détenir un coussin d’actifs liquides en portefeuille pour faire face à une crise potentielle.

Mauvaise surprise pour les pays du Nord de l’Europe, et notamment le Danemark: les obligations sécurisées (covered bonds) seront considérées comme des actifs liquides de deuxième catégorie, contrairement à la dette souveraine.

Les propres études d’impact de l’EBA et les cas de la Grèce, de l’Irlande ou de Chypre, ont pourtant montré que les emprunts d’Etat ne sont pas toujours liquides. De son côté, le Danemark plaide depuis le début des discussions sur les normes de Bâle 3 pour que les covered bonds accèdent au statut le plus favorable. Leur encours est en effet plus de trois fois supérieur à celui de la dette publique du pays, ce qui pose aux banques danoises de sérieux problèmes pour se constituer un coussin de liquidité composé d’emprunts d’Etat.

L’EBA ne considère comme «extrêmement» liquide que la dette émise ou garantie par des souverains, des banques centrales et des organisations supranationales de l’Espace économique européen. «Bien que l’analyse empirique montre des différences dans les caractéristiques de liquidité des dettes souveraines, une différenciation en matière de supervision renforcerait la fragmentation du marché et la boucle entre banque et souverain», indique l’autorité. Celle-ci semble avoir tiré les leçons de ses tests de résistance de 2011, lorsqu’elle avait été accusée de précipiter les ventes de dette périphérique en zone euro de la part des banques.

A contrario, même si les covered bonds offrent une «excellente liquidité», l’EBA ne veut pas dévier des standards internationaux en les élevant au même rang que les Bunds ou les OAT. Elle semble se méfier de ses propres analyses. «De fait, deux tiers des observations viennent de marché qui n’ont pas fait l’expérience d’une crise immobilière», assure-t-elle. Les covered bonds, de même que certains RMBS, actions et obligations corporates, seront inclus dans un deuxième panier d’actifs liquides.

Les recommandations de l’EBA doivent encore être approuvées par la Commission européenne pour prendre effet. D’ici là, les banques danoises refuseront de les suivre, a annoncé le 20 décembre leur tutelle.

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