Le secteur des télécoms a les moyens de limiter l’impact crédit des M&A

Une étude de S&P estime que la consolidation attendue encore en 2014 ne devrait pas trop dégrader la qualité de crédit des opérateurs
Alexandre Garabedian

Avant même le dépôt de son offre de fusion entre sa filiale télécom et SFR, Bouygues a été dégradé par Moody’s d’A3 à Baa1, deux crans au-dessus de la catégorie spéculative. Une fausse alerte, selon les analystes crédit de Mizuho, pour qui les synergies promises devraient permettre à Bouygues de conserver son statut investment grade.

Dans une étude publiée le 5 mars sur les M&A dans le secteur des télécoms et des câblo-opérateurs, S&P n’est pas loin de partager le même optimisme. Du point de vue du crédit, les candidats à la croissance externe ont assez de marge pour alimenter un processus de fusions et acquisitions qui s’annonce encore élevé en 2014. «Les marchés de capitaux continuent à soutenir les refinancements et les acquisitions dans le secteur, à travers la dette bancaire et obligataire, les actions, et le capital hybride», souligne S&P.

«La consolidation devrait se faire dans une large mesure sans créer de dommages à la qualité de crédit globale du secteur», estime l’agence de notation, dès lors que les actionnaires auront ajusté leurs attentes à court terme post-transactions. S&P juge en effet que cette qualité de crédit a cessé de se dégrader, pour s’établir à un ou deux crans en dessous de la moyenne constatée il y a cinq ans chez les quinze premiers opérateurs européens. «Un, les perspectives économiques et la qualité des souverains se stabilisent dans les grands pays d’Europe. Deux, les opérateurs ont ajusté leur dividende, trop tard mais de manière significative, en réaction à une capacité de génération de cash diminuée. Trois, l’impact négatif de nouveaux changements réglementaires devrait rester limité, au-delà de la baisse attendue des tarifs d’itinérance paneuropéens», énumère le rapport.

L’agence ne donne cependant pas un blanc-seing au secteur. «L’industrie a coutume de surpayer ses acquisitions – ce que démontrent la fréquence et l’importance des dépréciations d’actifs», rappelle l’étude. Elle insiste à cet égard sur les avantages d’une consolidation domestique, moins risquée et plus riche en synergies que des opérations transfrontières. Dernière limite, les plus gros acteurs – Orange, Telecom Italia, Telefonica – susceptibles d’être à l’achat, voient aujourd’hui leurs notes placées sous surveillance négative chez S&P. Un handicap au M&A pas insurmontable à condition de bien structurer les transactions, comme l’a fait Telefonica en Allemagne avec le rachat d’e-Plus.

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