Le prix du pétrole se situe à un point d’inflexion pour la croissance mondiale

Un baril élevé pèserait sur la consommation dans les pays développés. Les pressions salariales s’accentueraient chez les émergents
Tân Le Quang

Les violences en Libye hier ont porté le cours du Brent et du brut à un record respectif de 119,8 et 103,4 dollars. De fait, l’offre libyenne de pétrole de 1,6 million de barils par jour (b/j) aurait été déjà réduite, selon Barclays, à 0,6 million b/j. Alors que la fermeture par Eni du gazoduc Greenstream a accru le risque de rupture de l’offre en gaz naturel dans la région, dont l’Europe est friande, Goldman Sachs craint qu’une poursuite des troubles ne se traduise par de graves pénuries sur les marchés pétroliers mondiaux et pousse à un rationnement de la demande. Si la Libye et l’Algérie arrêtaient leur production, cela ramènerait la capacité disponible de l’Opep à 2,1 million b/j. Un niveau proche de celui de la Guerre du Golfe, et en dessous de celui de 2008.

Deutsche Bank considère déjà la barre des 120 dollars comme un point d’inflexion pour la croissance mondiale. D’après HSBC, les pays occidentaux subiraient une plus forte chute de leur pouvoir d’achat que les pays d’Asie. Ces derniers, à leur tour, verraient leurs exportations freinées. «Côté demande finale, un pétrole cher, c’est une pression défavorable exercée sur la consommation discrétionnaire. C’est d’autant plus le cas qu’on reste aux Etats-Unis comme en Europe dans un contexte de croissance nominale modérée», note Oddo Securities. Aurel BGC ajoute que les entreprises vont encore subir de fortes hausse de leurs coûts non salariaux de production et le pouvoir d’achat des ménages souffrir de l’accélération des prix, surtout en Europe.

Les pressions salariales dans les pays émergents devraient dans le même temps croître. Afin d’éviter des troubles dans son Royaume, le roi Abdallah d’Arabie saoudite a annoncé 36 milliards d’aides sociales et 15% de hausses de salaires. «Les pays émergents vont être probablement exportateurs d’inflation, cela laisse les banques centrales occidentales avec beaucoup moins de marge de manœuvre», ajoute HSBC.

D’après les simulations de Barclays, la croissance du PIB mondial bouge fortement dans les quatre premiers trimestres qui suivent un choc pétrolier, une hausse de prix de 10% contribuant à un ralentissement du PIB de 0,5%. Un mouvement qui se corrige dès le septième trimestre. Selon la banque, les chocs de politique monétaire qui suivent une hausse des prix pétroliers semblent être les principaux contributeurs au ralentissement à moyen long terme du PIB.

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