Le Portugal devient le nouveau cauchemar des pays européens

Moody’s a dégradé de quatre crans la note souveraine du Portugal à Ba2, prévoyant un second plan d’assistance financière « à la grecque »
Patrick Aussannaire

Nouveau coup de tonnerre sur les dettes souveraines européennes. En pleines négociations sur le sauvetage de la Grèce, Moody’s a annoncé hier avoir dégradé de quatre crans la note souveraine du Portugal de «Baa1» à «Ba2», avec une perspective négative. L’agence de notation estime qu’il existe un risque croissant que le Portugal ait besoin d’un second plan d’assistance financière «à la grecque». Et la probabilité que Lisbonne ne parvienne pas à ramener ses coûts d’emprunt à un niveau lui permettant de se financer sans aide au deuxième semestre 2013 s’accroît également. «Un tel scénario (…) impliquerait la participation des investisseurs en proportion de la taille de leur détention de dette qui arriverait à échéance» prévient l’agence.

Des doutes subsistent également concernant la capacité du gouvernement à tenir ses engagements budgétaires. Fin mars, le déficit était de 8,7% du PIB (contre 9,2% fin 2010). L’Etat s’est engagé à le ramener à 5,9% du PIB cette année, 4,5% en 2012 et 3% en 2013.

Moody’s est la première des trois grandes agences à placer la note portugaise en catégorie spéculative. Fitch, qui note actuellement le Portugal «BBB-», a indiqué qu’elle aurait terminé son état des lieux de la dette portugaise fin juillet. Si les autres agences suivent Moody’s, les obligations souveraines portugaises pourraient tomber à un niveau de qualité inférieur au pré-requis de la BCE pour qu’elle les accepte comme collatéral. Le Trésor portugais doit émettre dès aujourd’hui un milliard d’euros d’obligations. Un vrai test sur ses conditions de financement.

Et les marchés craignent une contagion. L’écart entre le taux 10 ans italien, qui a dépassé les 5% pour la première fois depuis novembre 2008, et le 10 ans allemand a progressé de 16 points de base (bp) en deux jours à 199 bp. Un coût élevé alors que l’Etat doit refinancer 26% de sa dette d’ici fin 2012 selon Bloomberg. 175 milliards d’euros de titres arriveraient ainsi à maturité au second semestre 2011 et 245 milliards en 2012.

Sans compter que le risque politique s’accroît. La Cour constitutionnelle allemande examine les plaintes concernant la contribution du pays aux plans d’aide aux pays périphériques. Si la cour de Karlsruhe ne devrait pas bloquer la participation de Berlin, les magistrats devraient cependant poser des conditions à l’octroi de nouvelles aides. L’euro chutait de 0,8% hier à New-York à 1,4429 contre dollar.

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