Le marché spot du carbone tire les leçons des cyberattaques de janvier

Les transactions ont repris vendredi sur Bluenext. Mais les opérateurs craignent encore que des permis volés ressurgissent
Violaine Le Gall
Fannie WURTZ, Directeur du métier Amundi ETF, Indexing & Smart Beta – AMUNDI
 -  Dimitry

Après les vols de permis carbone en janvier dernier, cinq des 27 registres nationaux européens, dans lesquels sont conservés les permis sous format électronique, ont réouvert vendredi dernier.

Pour être à nouveau accessibles, les registres français, allemands, néerlandais, slovaques et britanniques ont dû montrer à la Commission européenne qu’ils offraient un certain niveau de sécurité informatique afin d’éviter de nouvelles fraudes.

Les permis étant à nouveau disponibles dans cinq pays, les transactions ont pu reprendre sur le marché spot. En matière d’EUA (European Union Allowances), un bloc de 100.000 tonnes a été traité de gré à gré et quelques dizaines de milliers de tonnes ont été échangées sur le marché. Le prix de clôture des EUA au 18 janvier 2011 était de 14,25 euros et le permis se traitait à 14,30 euros vendredi dernier. La Commission estime que l’interruption n’a pas eu d’effet significatif sur les prix de marché. De fait, l’essentiel des transactions sur le carbone ne se fait pas sur le marché au comptant mais sur le marché à terme, dont le volume n’a pas été modifié durant la fermeture du spot.

Avant d’autoriser à nouveau les transactions, Bluenext, leader du marché spot européen avec 43% de part de marché en 2010, a pris des mesures afin d’éviter que les permis volés ne transitent par son système d’échange. Informé par les autorités des numéros de permis volés, Bluenext a pu les isoler dans des comptes spécifiques. Par ailleurs, l’opérateur boursier va à présent vérifier automatiquement chaque transfert de crédits sur son marché. Ceux mis en cause seront automatiquement isolés, a expliqué Bluenext dans un communiqué en fin de semaine dernière.

Malgré ces efforts, «les opérateurs ont encore deux craintes, explique Stéphane Colin, directeur général de Sagacarbon. La liste des quotas suspects publiés par Bluenext est-elle exhaustive ? A l’avenir, quel sera le délai de réaction des marchés en cas de nouveaux vols ? Nous ne sommes pas encore complètement rassurés concernant le marché spot». ICE et Green Exchange sont restés pour leur part fermés.

Concernant les cyberattaques qui ont conduit à la fermeture du marché spot, la Commission européenne a rappelé qu’il incombe aux autorités nationales de mener les enquêtes. Dans ce contexte, l’association professionnelle des marchés de permis d’émissions (IETA) «reste inquiète sur le manque persistant de clarté sur les implications légales et pénales des vols perpétrés».

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