Le Japon envoie des signaux contrastés aux marchés financiers

Alors que le marché action rebondit et que le yen se stabilise, la hausse des taux d’Etat devrait alourdir le poids de la reconstruction sur la dette
Patrick Aussannaire

Le Japon est en guerre avec ses vieux démons. Quatre jours après l’intervention coordonnée des pays du G7 pour enrayer la hausse du yen, le Japon a lancé cette nuit une mise en garde contre toute attaque spéculative pour faire remonter sa devise. «Premièrement nous nous sommes mis d’accord sur une intervention coordonnée le 18 mars, et sur la base de cet accord, nous avons ajouté que «nous piloterons notre politique de change en harmonie et interviendrons si nécessaire»» a indiqué le ministre des finances, Yoshihiko Noda, en guise d’avertissement. Suite au record de 76,25 yens pour un dollar enregistré vendredi, sa parité se stabilise autour des 81 yens.

Parallèlement, la Banque du Japon (BoJ) a décidé d’injecter 2.000 milliards de yens supplémentaires aujourd’hui sur le marché monétaire. Les dépôts des institutions financières auprès de la banque centrale se montent à quelque 43.760 milliards de dollars ce matin, contre 32.700 milliards vendredi dernier, battant ainsi son record de 36.360 milliards atteint le 31 mars 2004. En intensifiant son programme d’assouplissement monétaire et en limitant la hausse du yen, la BoJ ressort de la crise plus forte que jamais.

L’indice Nikkei était en hausse de 3,9% en séance à 9.565 points, soit un rebond de plus de 16% par rapport à son plus bas atteint avant l’intervention du G7. Les actions japonaises étant majoritairement détenues par des investisseurs domestiques, le risque d’une vague de panique entrainant un rallye baissier sur le marché action japonais est limité.

Alors que le coût du séisme est estimé entre 200 et 300 milliards de dollars, les risques pesant sur l'économie japonaise sont encore loin d’être levés. Moody’s estime que l'économie du pays devrait traverser une brève récession au deuxième trimestre 2011 avant de renouer avec la croissance dès le trimestre suivant. Avec un des ratios de dette sur PIB les plus élevés des pays développés, le risque d’une dégradation des finances publiques est d’autant plus important que le rendement des obligations d’Etat est sur une tendance ascendante ces derniers jours, à 1,245% pour le 10 ans aujourd’hui, soit une hausse de 3,5 points de base.

Moody’s prévoit une croissance annuelle du PIB de 1%, contre 1,4% avant le séisme. L’effort de reconstruction aura un effet positif dès 2012 et se traduira par une croissance de 2,3% l’année prochaine.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...