
Le hedge fund Tiger Global Management est en pleine débandade
Depuis sa création en 2001 par Chase Coleman, jamais le hedge fund new-yorkais Tiger Global Management n’avait essuyé pareille déconvenue. Le fonds spéculatif, connu entre autres pour ses paris sur les actions technologiques et sa récurrente surperformance entre 2001 et 2020, déchante en 2022.
Sur les quatre premiers mois de l’année, Tiger Global Management a perdu environ 16 milliards de dollars (15,1 milliards d’euros), passant de 35 à environ 19 milliards de dollars d’encours sous gestion, a révélé Bloomberg ce mardi. Son principal véhicule d’investissement a vu sa performance s’effondrer de 15,2% en avril, portant à -43,7% sa performance négative pour l’année 2022 selon des sources interrogées par l’agence. Ce, après une performance négative de 7,5% en 2021. Le Financial Times a calculé que le hedge fund avait perdu en moyenne 183 millions de dollars par jour d’activité depuis début 2022.
En cause, le contexte de marché (conflit russo-ukrainien, tensions géopolitiques, inflation, hausse de taux) et les paris du hedge fund sur la tech américaine et chinoise. En forte chute depuis janvier et encore sévèrement chahutées par la correction d’avril, les valeurs technologiques ont fait vaciller les portefeuilles de plus d’un gérant, à l’instar d’Ark Invest, dirigé par Cathie Wood, et ses fonds indiciels cotés principalement focalisés sur ce segment.
Un grand nom sur les marchés publics et privés
Selon les données du fournisseur de recherche et d’indices sur les hedge funds HFR, les fonds d’arbitrage orientés sur la tech ont achevé le premier trimestre 2022 sur une performance négative moyenne de 7,46%.
Tiger Global Management fait donc pire que la moyenne mais durant ses vingt premières années d’existence, il a plus souvent été mis à l’honneur pour ses surperformances. Il offrait des rendements annualisés supérieurs à 20% entre 2001 et 2020, avec seulement deux années négatives. En 2020, année Covid, Tiger Global Management a même généré le meilleur rendement net total – 10,4 milliards de dollars – de l’industrie des fonds alternatifs selon une étude de LCH Investments. Une performance qui l’a fait entrer à la 14e place du top 20 des hedge funds les plus performants depuis leur lancement. L’année suivante, en revanche, le gérant est descendu de deux places dans le classement, après avoir fait perdre 1,5 milliard de dollars à ses clients, selon LCH Investments.
Tiger Global Management s’est aussi fait un nom en dehors des marchés cotés. Il a participé aux tours de table de Stripe, Coinbase ou encore Revolut. Le fonds d’arbitrage a été l’investisseur ayant soutenu le plus de deals de capital-investissement au monde en 2021 selon un rapport de CB Insights, à savoir 335 deals – dont la licorne française Vestiaire Collective – soit 1,3 deal par jour d’activité. Le fournisseur de recherche indiquait début mars que cette fréquence était passée à 2 deals par jour d’activité en 2022, incluant le financement de la plus grosse licorne française Qonto.
Commissions de surperformance difficiles à aller chercher
Tiger Global Management a connu d’autres pertes significatives par le passé, suffisamment rares pour être signalées. En 2008, année de la crise financière mondiale, le hedge fund avait plongé de 28%. Au premier trimestre 2016, il dégringolait de 22%, soit une perte de plus d’un milliard de dollars, plombé à l’époque par la baisse des cours d’Amazon, Netflix et la société de commerce en ligne chinoise JD.com. Ce même JD.com constituait la position numéro un du hedge fund à fin décembre 2021.
Les pertes colossales du début 2022 posent question sur sa capacité de rebond. Tout le problème pour Tiger Global Management est désormais de revenir à un niveau de performance lui permettant de percevoir à nouveau des frais de performance auprès de ses clients. Une situation qui a interpellé l’ex-gérant de hedge fund chez Fortress, Mike Novogoratz, aujourd’hui directeur général de Galaxy Investment Partners, un fonds spécialisé sur les cryptoactifs.
Sur le réseau social Twitter, Mike Novogoratz a calculé que Tiger Global Management devrait réaliser une performance positive de 79% pour revenir à sa high-water mark. Ce mécanisme contraint les hedge funds à effacer leurs pertes avant de pouvoir prélever des frais de gestion variables ou des commissions de surperformance. Au vu de la performance à réaliser et de l’environnement de marché actuel, les déboires de Tiger Global Management pourraient s’aggraver dans les prochains mois.
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