Le hedge fund Paulson connaît un premier semestre difficile

Le fonds solde avec pertes et fracas son investissement dans Sino-Forest, la société chinoise dont les comptes font l’objet d’une polémique
Alexandre Garabedian

Le mystère reste entier sur la véracité des comptes de la compagnie forestière chinoise Sino-Forest. Mais les pertes du fonds alternatif Paulson & Co sur cet investissement sont, elles, bien réelles, et pourraient se compter en centaines de millions de dollars. Le hedge fund a annoncé avoir vendu, au 17 juin, sa participation dans la société cotée à la Bourse de Toronto. Fin avril, il détenait 34,7 millions de titres, valorisés alors à 816 millions de dollars canadiens (833 millions de dollars). A la fin de la semaine dernière, leur valeur était tombée à 111 millions de dollars canadiens.

Les pertes de Paulson & Co sont sans doute inférieures à 700 millions. Le gérant aurait réduit d’environ 30% ses positions avant la date fatidique du 2 juin. Ce jour-là, une société d’investissement spécialisée dans les ventes à découvert, Muddy Waters, a accusé Sino Forest de surévaluer ses actifs de 900 millions de dollars, comparant la société à l’escroc Bernard Madoff.

Depuis, le cours a plongé de 91%. Les autorités boursières canadiennes enquêtent. Et Fitch a dégradé lundi la note de deux crans à BB- en raison de la «structure complexe de la société» – un détail qui avait échappé à l’agence le 9 mai lorsqu’elle avait confirmé le BB+ de Sino-Forest. La société chinoise, de son côté, nie tout en bloc et s’est attaché les services de PricewaterhouseCoopers. L’affaire fait réfléchir la SEC et le Nasdaq, qui envisagent de durcir leurs règles de cotation pour les sociétés étrangères.

En prenant ses pertes, Paulson & Co espère dissocier son nom de cette ténébreuse affaire. Reste que ce faux pas ternit l’image de son fondateur John Paulson, qui a assis sa célébrité en pariant massivement en 2006-2007 sur l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis.

Le gérant paie plus largement son optimisme sur la reprise américaine et le secteur financier. Citigroup et Bank of America, les troisième et cinquième plus grosses participations de Paulson & Co, affichent des replis respectifs de 18% et 20% en Bourse cette année. Selon des porteurs de parts cités par Bloomberg, le principal véhicule d’investissement du financier accuserait un recul de 13% sur la première quinzaine de juin et de 20% en 2011. Le hedge fund avait cependant connu la même mésaventure au premier semestre 2010, avant de se redresser nettement au second.

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