Le débat s’intensifie autour de la hausse éventuelle de la TVA au Japon

Le gouvernement pourrait décaler la hausse programmée du taux de TVA à 8% en avril prochain pour ne pas risquer de casser la reprise de l’activité
Patrick Aussannaire

La hausse de la TVA met le gouvernement japonais face à un dilemme. Le premier ministre pourrait en effet être tenté de repousser la première phase de hausse du taux de 5% actuellement à 8%, initialement prévue au 1er avril 2014, pour ne pas risquer de casser la reprise de l’activité. Etsuro Honda, l’un des conseillers artisan de la stratégie «Abenomics», prône ainsi un report de la hausse. «Nous ne devrions pas appuyer sur l’accélérateur et sur le frein en même temps. Cela enverrait un message confus», explique-t-il au Wall Street Journal.

Le ministère des Finances estime que la croissance japonaise devrait ralentir à 1% sur l’année fiscale 2014-2015, après 2,8% cette année. Le relèvement de la TVA permettrait d’ajouter 0,2 point à la croissance en 2013-2014 avec la ruée des consommateurs dans les boutiques précédant sa mise en place effective, avant de retirer 0,6 point l’année suivante. «Je suis inquiet de l’impact sur la confiance des ménages», estime Etsuro Honda. Barclays Capital craint même deux trimestres de contraction du PIB fin 2014.

Dans le même temps, Tokyo souhaite éviter une crise de la dette souveraine. Certes, la politique «Abenomics», qui vise à rediriger l’épargne des obligations souveraines (JGB) vers les investissements et la prise de risque, a jusqu’à présent porté ses fruits sur la croissance tout en conservant des rendements faibles autour de 0,8%. Selon la Development Bank of Japan, les grosses entreprises nippones prévoient d’augmenter leurs investissements de 10,3% cette année, après une hausse de 2,9% l’année dernière.

Mais «sans une stratégie fiscale crédible, Shinzo Abe risque une envolée spectaculaire des rendements des JGB qui enfoncerait rapidement l’économie japonaise dans une trappe à dette», alerte GaveKal. Avec une dette publique qui atteint 245% du PIB, Tokyo estime les rentrées fiscales supplémentaires à 7.000 milliards de yens après le relèvement prévu du taux de TVA à 10% en 2015, avec comme but d’équilibrer le budget en 2020.

Outre la facilitation des transferts de richesse intergénérationnels des épargnants vers la population active, sur fond de besoins accrus pour les retraites d’une population vieillissante, la hausse de la TVA permettrait d’atteindre l’objectif d’une sortie de la déflation chère aux autorités, avec une hausse prévue de l’indice des prix à la consommation à 3,3% en 2014-2015, mais à seulement 1,2% sans cette mesure.

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