Le Crédit Agricole entend conserver son ancrage helvète dans la banque privée

La banque verte considère que la Suisse, où elle cumule 40% des actifs de sa division de gestion de fortune, demeure stratégique.
Julien Beauvieux

La hausse récente du franc suisse et la transparence fiscale n’y feront rien. Par la voix de Jean-Yves Hocher, son directeur général délégué en charge de la BFI et de la banque privée, le Crédit Agricole a réaffirmé son souhait de maintenir un ancrage fort de sa gestion de fortune en Suisse. «Pour Crédit Agricole, quitter la Suisse signifierait quitter le métier», a déclaré le dirigeant à l’occasion d’un entretien accordé au quotidien suisse Le Temps, rappelant que la plate-forme helvète est la plus importante du groupe, avec 40% de l’activité de banque privée.

Malgré l’instauration de l’échange automatique d’informations auprès des différentes administrations fiscales étrangères, Jean-Yves Hocher estime en effet que la Suisse demeure un hub incontournable de la gestion de fortune. «La Suisse est à la banque privée ce que la City est aux marchés financiers», analyse-t-il. «Des grandes fortunes sont toujours attirées par la Suisse, [et] certaines choisissent même de s’y installer», poursuit-il, tout en concédant que le métier doit naturellement évoluer vers une «gestion de fortune internationale».

Ces dernières années, plusieurs groupes étrangers se sont à l’inverse désengagés du marché suisse. Après Lloyds Banking Group, qui a cédé en mai 2013 ses activités internationales au suisse Union Bancaire Privée, la banque américaine Morgan Stanley s’est à son tour défaite en mai 2014 de sa banque privée helvète à Safra Sarasin. Un mois plus tard, la britannique HSBC avait, elle, vendu un portefeuille d’actifs de banque privée dans le pays à LGT Group Foundation, la première banque du Liechtenstein. Fin décembre, Royal Bank of Canada a pris une décision similaire.

Outre la transparence fiscale, le renchérissement brutal du franc suisse intervenu en début d’année à la suite de l’abandon par la BNS de son peg avec l’euro pourrait renforcer ce mouvement. «Il est évident que nos charges suisses ont augmenté», admet Jean-Yves Hocher. «La gestion de fortune reste l’un des métiers les plus rentables dans le contexte actuel», tempère-t-il néanmoins.

Avec des actifs sous gestion en hausse de 7%, à 141 milliards d’euros, le pôle de banque privée de la banque verte a totalisé en 2014 un PNB de 696,2 millions, pour un résultat brut d’exploitation de 143,6 millions.

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