L’ambitieux programme de privatisation grec suscite des doutes

L’Etat veut ainsi engranger 50 milliards d’euros mais ces transactions, si elles aboutissent, ne contribueront pas à améliorer sa solvabilité
Violaine Le Gall

La mise en œuvre du programme d’austérité en Grèce s’annonce difficile, comme l’a souligné le Fonds monétaire international (FMI) dans sa quatrième revue sur l’avancement du plan grec, publié la semaine dernière. «Ce programme fait vraiment face à des risques significatifs de mise en œuvre, mais il constitue la meilleure option pour régler les problèmes de la Grèce et éviter une contagion plus large à l’Europe», expliquent les experts de l’institution internationale. S’ils soulignent surtout le travail considérable à réaliser dans le domaine de la fiscalité, ils notent aussi que l’objectif des privatisations est «ambitieux par rapport aux précédents standards internationaux». Le pays s’est engagé à dégager 5 milliards d’euros des ventes d’actifs publics en 2011, 15 milliards d’ici à fin 2012 et 50 milliards d’ici à fin 2015.

La vente d’actions d’entreprises pourrait être la solution la plus pertinente, d’après les chiffres donnés par la recherche économique Natixis. Si l’Etat grec cède la totalité des actions qu’il détient, sa dette publique serait réduite de 12 %. C’est par ailleurs sur ces actifs que l’Etat se priverait le moins de ses recettes. «Quand l’Etat privatise pour réduire sa dette publique, il gagne les intérêts sur la dette, mais il perd le revenu tiré auparavant des actifs privatisés. Cette opération n’a donc de sens que si le rendement de ces actifs est inférieur au taux d’intérêt sur la dette publique», rappelle Patrick Artus, directeur de la recherche économique chez Natixis. Le rendement des actifs financiers de l’Etat grec s'élevant à 1,9 %, leur vente aurait un sens.

Toutefois, pour mener à bien le programme, il faudra trouver des acquéreurs. Les perspectives économiques de la Grèce risquent de les freiner. Par ailleurs, les privatisations ne règleront en rien le problème de la solvabilité de la Grèce. Pour Vladimir Pillonca, économiste chez SG CIB, «les privatisations consistent seulement en un reprofilage des flux de revenus qui est en fait un jeu à somme nulle en termes de valeur actuelle. Ainsi, les privatisations se résument en grande partie à un remède à court terme pour la liquidité, mais pas pour la solvabilité», estime-t-il. Dans ce contexte, les 50 milliards attendus des privatisations «pourraient se révéler une hypothèse excessivement optimiste».

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