
L’affaire SNS fragilise les créanciers subordonnés bancaires en Europe
Les créanciers obligataires subordonnés bancaires ont du souci à se faire. En annonçant vendredi sa décision d’exproprier non seulement les actionnaires mais aussi les porteurs de titres tier one, assimilables à du capital, et de dette subordonnée du bancassureur SNS Reaal, les Pays-Bas ont certainement ouvert la voie à d’autres actions du même type en Europe.
Contraint de nationaliser l’établissement en difficulté, La Haye n’a pas hésité à utiliser l’«Intervention Act» cette loi nationale de 2012 qui permet au ministre des Finances d’exproprier les porteurs de dettes subordonnées. L’effacement des créances obligataires subordonnées doit ainsi contribuer à hauteur d’un milliard d’euros au sauvetage de la banque tandis que les créanciers seniors seront épargnés.
Moody’s a estimé que le traitement des porteurs de dette subordonnée est l’un des plus sévères déjà mis en place puisque les porteurs pourraient ne recevoir qu’un très faible montant de compensation, voire aucun. L’agence considère aussi que l’expropriation sans compensation des titres subordonnés de SNS Reaal est pénalisante pour les titres subordonnés bancaires sur le marché néerlandais.
«Ceci crée un exemple qui pourrait être suivi par d’autres pays, ce qui implique un risque plus élevé pour les porteurs de dettes subordonnées datées notamment», juge même Aurel BGC. Barclays Capital considère qu’avec cette décision, le risque de perte à 100% pour les créanciers obligataires subordonnés a sans aucun doute augmenté particulièrement pour les banques basées dans des pays qui ont déjà adopté une législation sur la résolution bancaire à savoir l’Irlande, l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Danemark et les Pays-Bas.
A l’inverse, les créanciers seniors paraissent hors d’atteinte, en tous cas jusqu'à l’entrée en vigueur prévue en 2018 des régimes européens de résolution dit «bail in» pour les dettes seniors. La dette senior non sécurisée de SNS Reaal va même profiter du soutien public grâce à l’augmentation de capital, l’Etat injectant 2,2 milliards d’euros, et aussi des garanties apportées, soulignent les analystes de Tullett Prebon. Ce traitement privilégié devrait se traduire par un renforcement de l'écartement des spreads entre les dettes seniors et subordonnées, une tendance que l’on observe déjà sur le marché, anticipe de son côté CreditSights.
{"title":"","image":"79302»,"legend":"EMISSIONS CREDITS»,"credit":""}
Plus d'articles du même thème
-
«Nous adoptons un positionnement plus marqué sur les émetteurs BBB et sur les subordonnées financières»
Maxime Bony, gérant crédit chez Sienna IM -
Les grandes entreprises ne parviennent plus à endiguer le recul de leur rentabilité
La marge opérationnelle du SBF 120 poursuit sa baisse au premier semestre 2025, tombant à 10%, contre 12,8% en 2023. Le chiffre d'affaires peine à se maintenir. -
Les fintechs connaissent la plus forte croissance parmi les start-up
La situation financière des jeunes pousses s’est améliorée en 2024, selon la Banque de France. Le chiffre d’affaires reste en forte croissance et l’atteinte de la rentabilité se rapproche. -
La facture des catastrophes naturelles est lourde pour l'américain Allstate
L’un des plus grands assureurs dommages aux particuliers des Etats-Unis voit ses «cat bonds» enregistrer des pertes avant impôts de 2,4 milliards de dollars sur la période d’avril à août 2025. Sans toutefois consommer toute sa couverture de réassurance. -
Les lunettes connectées, un nouveau segment prometteur pour les géants de la tech
Meta a dévoilé un nouveau modèle avec écran intégré, qui sera commercialisé dès le 30 septembre. Il devance ses rivaux sur ce marché, grâce à son partenariat noué dès 2021 avec le géant de l'optique EssilorLuxottica. Google et Apple se préparent pour cette nouvelle course technologique. -
Maaria Kettunen est nommée directrice des investissements de Keva
Elle était précédemment directrice adjointe des investissements au sein du plus grand fonds de pension de Finlande.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Bourse Direct sélectionne Euroclear Bank pour ses ETF
- Nicolas Namias assure que le projet de fusion des gestions d’actifs de BPCE et Generali se poursuit
- BlackRock lance le premier ETF adossé à la méthodologie MSCI World sur la neutralité géographique et sectorielle
- Stéphane Cadieu (Arkéa AM) : «Il faut aborder les marchés avec humilité»
- Crédit Mutuel Arkéa vend ses 40% dans Swen Capital Partners
- Eric Bertrand va prendre la direction générale d’Ofi Invest AM
Contenu de nos partenaires
-
EXCLUSIF
Procès contre une influenceuse américaine : entretien avec l'enquêteur mandaté par le couple Macron
L'Opinion a interviewé en exclusivité l'enquêteur chargé de réunir des preuves contre la blogueuse complotiste américaine Candace Owens, que le couple présidentiel poursuit en diffamation pour avoir affirmé que Brigitte Macron serait « née homme ». -
L'intersyndicale invitée par Sébastien Lecornu mercredi à Matignon
Paris - Matignon a proposé aux huit organisations syndicales, qui ont posé un ultimatum «vendredi» au Premier ministre, une rencontre avec Sébastien Lecornu mercredi à 10H00, a-t-on appris samedi auprès de sources syndicales. Le rendez-vous de mercredi avec l’ensemble des syndicats, représentatifs ou non - fait rare - , a été confirmé par une source gouvernementale. Vendredi, au lendemain d’une journée de mobilisations ayant rassemblé entre 500.000 manifestants, selon les autorités, et plus d’un million selon les organisateurs, l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) a posé un «ultimatum» au nouveau Premier ministre lui demandant de répondre "à leurs revendications». Elles exigent «l’abandon de l’ensemble du projet» de budget présenté cet été par son prédécesseur, François Bayrou, dont «le doublement des franchises médicales, l’année blanche (...), la suppression de 3.000 postes de fonctionnaires et la réforme de l’assurance chômage», ainsi que la non remise en cause du 1er Mai férié et chômé, dans un texte commun publié vendredi. Réunis pour la première fois depuis 2023 et la mobilisation contre la très controversée réforme des retraites, les syndicats demandent toujours «l’abandon du recul de l'âge légal de départ» en retraite à 64 ans. «Si d’ici au 24 septembre (mercredi), il n’a pas répondu à leurs revendications, les organisations syndicales se retrouveront pour décider très rapidement d’une nouvelle journée de grève et de manifestations», avaient ainsi prévenu vendredi les syndicats, remontés contre les multiples réformes. Après la démonstration de force dans les rues, jeudi, Sébastien Lecornu avait fait savoir qu’il recevrait "à nouveau les forces syndicales». Il avait déjà reçu des leaders syndicaux peu après sa nomination. © Agence France-Presse -
Italie : face à la baisse des ventes, les vignerons d'Asti baissent leur production
Castel Boglione - De bonnes vendanges se terminent et les feuilles commencent à jaunir autour d’Asti, dans le nord de l’Italie, mais cette année des raisins resteront dans les rangs: les vignerons ont décidé de produire moins face à la baisse des ventes en Russie et en Amérique. Après deux années compliquées, l’Italie devrait se classer cette année premier producteur mondial de vin, devant la France, selon les estimations publiées début septembre par les vignerons. Mais «c’est une médaille en chocolat», regrette le secrétaire général de l’Union italienne des vins, Paolo Castelletti. «La consommation de vin baisse, surtout sur notre principal marché à l’export, aux Etats-Unis. Les baby boomers, en vieillissant, réduisent leur consommation». Sans compter les droits de douane américains, qui rendent les exportations moins profitables et pourrait porter les vins italiens au-dessus de la «barre psychologique» de 20 dollars la bouteille, selon M. Castelletti. Les vins d’Asti sont aussi particulièrement appréciés en Russie, mais la demande a baissé depuis le début de la guerre contre l’Ukraine. Quelque 17 millions de bouteilles s’y étaient encore écoulées en 2023, puis 12 en 2024, et l’objectif pour 2025 est de surnager à 10 millions. Au total, la demande à l’export pour les vins italiens a ralenti de 4% sur les cinq premiers mois de 2025. Il s’agit alors de miser toujours plus sur la qualité plutôt que sur la quantité, selon M. Castelletti. Mais alors que certains vignobles en France ont décidé d’arracher des vignes, et que la Commission européenne pousse dans ce sens, l’Union italienne des vins milite plutôt pour une production qui s’adapte aux fluctuations du marché, «en accordéon». Vins légers Autour d’Asti (Piémont, nord), les vignerons ont ainsi décidé de produire moins de vin pétillant cette année, passant de 10 à 9 tonnes de muscat blanc par hectare de vigne. Dans son domaine entouré de vignes à perte de vue, la Ca’ dei Mandorli (la maison des amandiers), Stefano Ricagno analyse ses premiers jus avec un oenologue français. Au-dessus de la cave, sous un soleil de plomb, des vendangeurs indiens donnent les derniers coups de sécateur dans les vignes. Les vendanges ne se sont jamais terminées aussi tôt, remarque le viticulteur en baskets blanches: «on pensait produire beaucoup, mais il a fait très chaud. La récolte du muscat est presque en ligne avec nos objectifs (abaissés)». Héritier de six générations de vignerons, Stefano Ricagno, 46 ans, préside l’appellation d’origine contrôlée «Asti», qui couvre près de 10.000 hectares de collines inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Asti s’est fait un nom avec des mousseux dorés à faible teneur en alcool, généralement autour de 7% pour l’"Asti» et de 5% pour le «Moscato», dont la quasi-totalité de la production est vendue aux Etats-Unis. Les ventes de l’AOC «Asti», de 100 millions de bouteilles en 2023 et 90 en 2024, devraient tomber à 85 millions en 2025, et les vignerons voient augmenter leurs stocks. «On verra en 2026 si les guerres se terminent, et que les marchés se reprennent», lance Stefano Ricagno. D’autres appellations italiennes comme la Valpolicella en Vénétie ont aussi réduit les volumes cette année face à ce marché incertain. - Artisanaux - D’autres vignerons ne veulent pas entendre parler de ces quotas et appellations. A quelques kilomètres d’Asti, à Nizza Monferrato, Francesco Pozzobon, 35 ans, a repris des vignes abandonnées et les laisse vivre sans produits phytosanitaires, semant entre les rangs des trèfles et des fèves. «On a trop produit et mal produit», regrette le jeune viticulteur. «Avec la baisse de la demande, il y aura un écrémage naturel». Et si le rendement de sa Tenuta Foresto est bien plus irrégulier et faible que celui de ses voisins, à 3 tonnes de l’hectare, il vend cher et jusqu’en Chine ses vins «artisanaux». Pour rebondir, l’appellation Asti veut que ses bulles conquièrent l’apéritif, alors qu’elles sont cantonnées au dessert en Italie, en surfant sur le nouveau goût des clients pour des vins moins forts en alcool, souligne Stefano Ricagno. Taimaz SZIRNIKS © Agence France-Presse