La volonté d’indépendance de la banque Sarasin alimente la spéculation

Les dirigeants souhaitent réaliser un MBO mais son actionnaire Rabobank ne semble pas prêt à céder ses 46 % du capital
Violaine Le Gall

Joachim Strähle, le directeur général de Sarasin, veut faire cavalier seul. «Je n’en fais pas un secret, nous ferions volontiers un management buy-out (MBO)», un rachat de l’entreprise par les salariés avec l’aide d’un fonds, a-t-il expliqué dans un entretien au Financial Times du 20 mai. Depuis 2007, Sarasin, qui a été créée en 1841, est détenue à 46 % par la banque néerlandaise Rabobank. Celle-ci possède 68 % des droits de vote.

L’opération dans laquelle la direction prendrait le contrôle valoriserait Sarasin 3 milliards de francs suisses, soit 2,4 milliards d’euros. Joachim Strähle s’est dit confiant dans sa capacité à trouver des financements au Moyen-Orient, en Asie et en Suisse.

Toutefois, Rabobank et Sarasin n’ont apparemment pas encore trouvé un terrain d’entente. «Une cession de notre part dans Sarasin n’est pas à l’ordre du jour», a indiqué un porte-parole de la banque néerlandaise vendredi dernier. «Nous avons des discussions internes normales entre une filiale et sa maison-mère», explique de son côté le porte-parole de Sarasin.

Le partenariat entre Sarasin et Rabobank ne semble pas avoir produit les fruits escomptés jusqu’ici. «Les synergies et les coopérations entre les deux banques sont restées suffisamment faibles pour rendre une séparation facile», estime Teresa Nielsen, analyste à la banque Vontobel. Toutefois, l’indépendance ne serait pas forcément profitable à Sarasin. «Son problème stratégique vient du fait qu’elle est trop petite dans la banque privée pour atteindre les économies d’échelle nécessaires et tirer parti des opportunités de croissance en Asie», commente Peter Thorne, analyste chez Helvea. Sarasin gérait 100 milliards de francs suisses à fin 2010. Des rumeurs sur des discussions avec la banque Julius Bäer ont circulé mais cette dernière n’a pas fait de commentaires vendredi dernier et le porte-parole de Sarasin a indiqué que le MBO était «la solution privilégiée».

Les analystes s’interrogent aussi sur la valorisation de 3 milliards de francs suisses évoquée dans le FT. Jeudi soir, avant les déclarations de Joachim Strähle, la capitalisation boursière de Sarasin ressortait à 2 milliards de francs suisses. Vendredi matin, le titre a progressé jusqu’à 5 % avant de réduire son avance. Les analystes valorisent Sarasin 2,4 milliards d’euros en tenant compte des titres de la catégorie A, détenus par Rabobank.

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