La Turquie s’oriente vers un resserrement plus sévère de ses conditions monétaires

Le rebond de la croissance à 4,4% au troisième trimestre semble donner des marges de manœuvre à la banque centrale pour faire chuter l’inflation
Patrick Aussannaire

L’heure du resserrement monétaire semble avoir sonné en Turquie. Le rythme de croissance de l’économie turque au troisième trimestre a surpris positivement hier, en atteignant 4,4% sur un an, alors que le consensus tablait sur une hausse de 4,1%. A elle seule, la consommation des ménages a contribué à hauteur de 3,3 points à la croissance du PIB.

En outre, après six trimestres consécutifs de contraction, les investissements privés ont affiché une contribution positive d’un point. Seul le commerce extérieur a amputé l’activité de 2,2 points. Des chiffres qui montrent que «l’activité économique reste résistante malgré la volatilité sur les marchés financiers et la politique monétaire restrictive menée par la banque centrale», estime BNP Paribas CIB. Les perspectives de fin d’année sont plus mitigées, avec certes un indice PMI en hausse à 55 points en novembre, au plus haut depuis mars 2011, mais une chute de la production industrielle de 0,5% en octobre.

De quoi donner des marges de manœuvre à la banque centrale pour s’attaquer à l’inflation, qui à 7,32% en novembre, demeure bien au-dessus de son objectif de 5%. D’autant que la roupie a cédé 16% de sa valeur contre dollar depuis le début de l’année et 19% contre euro. La devise a atteint son plus haut niveau historique contre euro hier à 2,792, et reste proche de son plus haut de 2,05 atteint début septembre contre le billet vert.

Dans ce contexte, «lorsque la Fed lancera officiellement son tapering, Moody’s s’attend à ce que la Turquie rencontre des difficultés à moyen terme pour financer son déficit courant», estime l’agence.

Après avoir laissé son taux de refinancement à une semaine inchangé à 4,5%, RBS estime que «la banque centrale ayant réussi à faire revenir l’économie sur un sentier de croissance acceptable, elle devrait à présent se recentrer sur ses autres objectifs. Les marchés devraient ainsi se préparer à un durcissement surprise de ton à l’occasion de sa prochaine réunion mensuelle».

L’autorité a pourtant déjà pris des mesures de resserrement monétaire le mois dernier en augmentant le coût moyen de financement interbancaire à 7,02%, ainsi qu’en interrompant provisoirement ses opérations de refinancement à un mois, ce qui devrait le porter à 7,75%. Aussi le rendement des obligations turques à deux ans s’est-il renforcé de 405 pb depuis mai, pour atteindre 9,09% hier.

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