La Turquie et la Slovénie profitent d’un répit pour financer leurs besoins

Cette semaine, l’appétit retrouvé des investisseurs internationaux a permis aux deux pays de lever 1,5 et 2,5 milliards de dollars à 31 et 10 ans
Patrick Aussannaire

Est-ce le signe d’une détente pour les pays émergents ? Deux semaines après une hausse des taux directeurs record de la banque centrale (CBRT) pour endiguer la chute de sa devise, la Turquie a émis mercredi 1,5 milliard de dollars d’obligations ayant une maturité de 31 ans, la plus longue jamais réalisée par le pays. Fort d’un carnet d’ordres d’environ 5 milliards, le maillon faible des «BIITS» (composés également de l’Inde, de l’Indonésie, du Brésil et de l’Afrique du Sud) a concédé un taux de 6,7%. Un niveau supérieur de 116 pb au rendement des obligations à 10 ans de référence libellées en dollar cotées sur le marché, et de 85 pb par rapport aux 5,85% concédés le mois dernier sur son émission en dollars à 10 ans.

En début de semaine, c’est la Slovénie qui levait 2,5 milliards de dollars à 5 et 10 ans pour sa première émission en billet vert depuis l’injection de 3,5 milliards d’euros par l’Etat dans le système bancaire du pays en décembre dernier suivie de la création d’une structure de défaisance. Le carnet d’ordres a même dépassé les 16 milliards d’euros, ce qui a permis au pays d’offrir une marge de 280 pb au-dessus des obligations du Trésor américaines de mêmes maturités. Les investisseurs américains et britanniques ont d’ailleurs accaparé 80% de la demande.

Depuis le début de l’année, la Turquie a levé 4,6 milliards de dollars, assurant ainsi 70% de son objectif annuel de financement. Bloomberg estime que les pays émergents ont levé un total de 33 milliards de dollars depuis le début de l’année jusqu’au 11 février. Un montant record sur cette période depuis 1999, et qui représente déjà 38% de leurs besoins annuels estimés par Morgan Stanley.

Si la livre turque est remontée de 6,5% contre dollar depuis son plus bas du 24 janvier et n’accuse plus qu’une baisse de 2% depuis le début de l’année, les tensions perdurent. Hier et avant-hier, la CBRT n’a pas fourni suffisamment de liquidités pour couvrir les 3 et 6 milliards de livres de titres de pension à deux semaines arrivant à maturité, ce qui a contraint les banques à se refinancer à un taux de 11,5% pour assurer leurs besoins sur le marché monétaire. De quoi faire grimper le taux au jour le jour à 11,6%, soit 160 pb au-dessus du taux directeur. «La CBRT conserve une politique de liquidités restrictive en vue du paiement des salaires de la fonction publique», explique BNP Paribas CIB.

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