La trajectoire budgétaire de la France est étroitement surveillée par Bruxelles

François Hollande a laissé entendre qu’il voulait plus de temps pour redresser les comptes publics mais il a déjà reçu plusieurs mises en garde
Solenn Poullennec

La position de la France vis-à-vis de ses partenaires européens apparaît de plus en plus délicate sur la question du redressement de ses comptes publics. Le gouvernement compte demander plus de temps pour atteindre ses objectifs en la matière alors que la Commission européenne l’a déjà sévèrement mis en garde le mois dernier et que des pays tels que l’Allemagne et la Finlande ont laissé transparaître un certain agacement.

Lors de son intervention télévisée lundi soir, le président de la République, François Hollande, a expliqué qu’en plus de la baisse des charges supportées par les entreprises, déjà annoncée, le nouveau gouvernement votera des baisses d’impôts pour les ménages. De quoi compliquer encore l’équation budgétaire.

L’exécutif a promis de réaliser 50 milliards d’euros d’économies entre 2015 et 2017. Or, la France n’a déjà pas tenu ses engagements de réduction du déficit budgétaire. Elle avait promis de ramener celui-ci à 3% (dans le budget) puis à 4,1% du PIB (dans le budget rectificatif) en 2013. Il s’est finalement élevé à 4,3% tandis que la dette a atteint 93,5% du PIB. L’année dernière, les partenaires européens de la France lui ont accordé deux ans de plus que prévu, soit jusqu’en 2015, pour ramener son déficit en dessous des 3%.

La Commission européenne n’a pas attendu cette date pour signaler que Paris n'était pas près d’atteindre cet objectif. La France fait partie des deux pays (avec la Slovénie) qui ont fait l’objet d’une mise en garde spécifique de Bruxelles en raison du dérapage de leurs comptes publics. La Commission a appelé à porter une «attention particulière à la réduction des dépenses».

La France est censée dissiper ces inquiétudes dans son programme de stabilité qui sera rendu à la fin du mois. Elle devra aussi expliquer ce qu’elle compte faire pour réduire «les déséquilibres macroéconomiques» que la Commission a pointés du doigt début mars. Cette dernière s’est notamment inquiétée de la détérioration de la balance commerciale et de la perte de compétitivité de l'économie. En principe, un pays qui ne cherche pas à rectifier le tir peut être soumis à des sanctions.

La Commission fera un bilan global de la situation en juin. Ses conclusions seront surveillées de près par les Européens, et notamment par l’Allemagne et la Finlande, qui selon le Financial Times, ont estimé que l’institution avait tendance à être trop bienveillante vis-à-vis de la France et de l’Espagne en matière budgétaire.

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