La situation au Portugal éclipse l’accord sur le Mécanisme européen de stabilité

Le gouvernement pourrait jouer sa survie aujourd’hui lors du vote de nouvelles mesures d’austérité. La probabilité d’un recours à l’EFSF s’accroît
Alexandre Garabedian

Encore un effort pour les dirigeants européens. L’accord trouvé lundi soir entre ministres des Finances sur le fonctionnement du Mécanisme européen de stabilité (ESM) qui prendra le relais en 2013 de la Facilité européenne de stabilité financière (EFSF) a été plutôt bien accueilli en ce qu’il permettrait, avec 500 milliards d’euros de capacité de financement, de secourir au besoin l’Espagne.

L’ESM prêtera à une marge de 200 points de base pour des maturités allant jusqu’à 3 ans, et rajoutera 100 pb au-delà. L’EFSF, lui, facture sur ces échéances 300 et 400 pb de marge, en plus d’une commission de 50 pb. Pour les pays forcés de recourir au soutien de leurs partenaires après 2013, l’économie sera donc de 150 pb. «Après la récente réduction des coûts d’emprunt accordés à la Grèce lors du Sommet européen du 11 mars, les nouvelles conditions de l’ESM ne seront que de 50 pb inférieures pour Athènes, relativisent cependant les stratégistes de Citigroup. Cela n’aurait donc pas d’effet positif significatif sur les perspectives budgétaires du pays si la Grèce était obligée de recourir aussi à l’ESM».

Pour mémoire, le futur mécanisme se distingue de l’EFSF sur deux points majeurs: il sera déclenché si la dette du pays aidé est jugée soutenable, et conduira les créanciers privés à restructurer la dette en cas de difficulté. Les prêts jouiront par ailleurs d’un statut de créancier super senior (seuls ceux du FMI seront mieux protégés). «Ces éléments signifient que même avec un soutien élargi, les marchés resteront nerveux sur des pays comme la Grèce, l’Irlande et le Portugal, où les efforts requis pour assainir les finances publiques pourraient être socialement inacceptables à moyen terme», craint Luigi Speranza, économiste chez BNP Paribas.

La situation politique du Portugal a d’ailleurs éclipsé hier l’accord. Le gouvernement minoritaire joue sa survie avec le vote aujourd’hui d’un nouveau train d’austérité que l’opposition refuse. Le risque de nouvelles élections, qui accroissent la probabilité d’un recours à l’EFSF, a provoqué mardi un net élargissement des rendements à 5 ans portugais (+30 pb à 8%).

Les modalités techniques de l’accroissement de la capacité d’intervention de l’EFSF, elles, resteront en suspens encore plusieurs semaines. Le tout pour ne pas polluer les élections du 17 avril en Finlande, alors que le parti anti-européen a les faveurs des sondages.

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