La PBOC reprend en main le marché monétaire chinois

Les injections de liquidités sont l’occasion pour la banque centrale d’imposer des rendements en baisse pour soulager les tensions monétaires
Patrick Aussannaire

Signe du temps, la Banque Populaire de Chine (PBOC) a également fait vœu de plus de transparence, dans la foulée de ses consœurs étrangères. Dans son rapport trimestriel de politique monétaire, la banque centrale s’est ainsi engagée à «renforcer sa communication avec les marchés et le public afin de stabiliser les anticipations et de guider vers une stabilisation des taux d’intérêt», suite à la crise du marché interbancaire à laquelle elle a dû faire face en juin, et qui a vu les taux à court terme monter au-dessus des 30% sur certaines maturités.

Hier, elle a injecté 15 milliards et 12 milliards de yuans (soit un total de 3,3 milliards d’euros) sur le marché monétaire par le biais d’opérations de reverse repos à 14 et à 7 jours. En fixant le taux moyen à 4,10% et 4%, soit 40 points de base (pb) de moins qu’à sa précédente intervention la semaine dernière, la PBOC a permis au taux monétaire de refinancement à 7 jours et au taux au jour le jour de se détendre de 10 et 5 pb pour revenir à respectivement 3,79% et 3,19%.

Une détente qui a même résonné jusqu’à Hong Kong où le rendement moyen des obligations chinoises cotées sur le marché a chuté de 74 pb pour tomber à 4,37%, après avoir atteint un record de 5,11% le 8 juillet, selon l’indice calculé par Deutsche Bank et S&P. Les taux sont ainsi revenus à leur plus faible niveau depuis le 20 juin, en plein cœur de la crise du marché interbancaire, mais restent en hausse de 62 pb depuis le début de l’année.

Mais derrière cette volonté affichée de transparence et de laisser les marchés agir librement pour sanctionner les banques qui ont contourné les règles de restriction du crédit en recourant à la finance de l’ombre, la PBOC ne semble pas avoir abandonné ses vieux démons. Elle aurait ainsi émis en juillet, en toute discrétion, 183 milliards de yuans de titres à 3 ans qui arrivaient à maturité, réduisant ainsi de moitié l’effet des injections de liquidités qui ont atteint 342 milliards le mois dernier.

La fixation des rendements assortis aux opérations de reverse repo permet également à Pékin d’avoir le contrôle sur les taux. Si, en principe, ces opérations sont réalisées sous forme d’adjudications ouvertes, c’est en réalité la PBOC qui fixe les rendements aux opérateurs. «Il est clair que la PBOC veut imposer un intervalle dans lequel elle souhaite voir les taux évoluer, et il est visiblement orienté à la baisse», indique un trader de la place cité par Reuters.

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