«La négociation de la dette d’Etat se déplace vers l'électronique»

Angelo Proni, président exécutif de MTS France (groupe LSE), plate-forme sur laquelle se négocie la dette française, revient sur les évolutions du marché.
Solenn Poullennec

L’Agefi :La liquidité des marchés vous inquiète-t-elle ?

Angelo Proni : Des événements, notamment sur la Grèce, ont eu un impact sur notre activité au cours des dernières semaines. Nous avons vu du mouvement sur nos plates-formes de négociation de dette d’Etat MTS avec des journées très actives et d’autres beaucoup moins. Il y a aussi une tension due au fait que les banques sont de plus en plus contraintes en termes de capital qu’elles peuvent dédier au trading et notamment à leurs activités de soutien de la dette nationale. Cependant, je pense que le modèle de gestion de la dette d’Etat et du soutien de la liquidité du marché secondaire par les SVT (spécialistes en valeur du Trésor) a fait ses preuves en Europe. Il a traversé des moments très difficiles sans disparaître.

Le marché secondaire de la dette d’Etat bascule-t-il sur des plates-formes électroniques ?

On est retournés à des niveaux de négociation de dette d’Etat pratiquement identiques à ceux d’avant la crise. Cela ne veut pas forcément dire que la crise soit terminée car il se pourrait que ce soit dû à une augmentation de l’utilisation des plates-formes électroniques. Il y a un mouvement de transition de la négociation de dette vers l’électronique pour des questions de coûts et d’anticipation de la réglementation. Cependant, il y a des différences plutôt marquées entre les pays européens. En Italie, en Belgique et au Portugal, par exemple, la part de la dette d’Etat traitée de façon électronique est beaucoup plus grande qu’en France, où la majorité de la dette d’Etat est encore traitée sur le secondaire via le téléphone, tant entre les SVT qu’entre les SVT et leurs clients.

Quel est l’impact de la régulation MIF 2 sur l’usage de l'électronique ?

Stratégiquement c’est pour nous une opportunité très importante. Mais MIF 2 est aussi un défi, nous ne connaissons pas tous les paramètres de la régulation et on n’aura pas beaucoup de temps pour s’y adapter. Les textes finaux sont attendus pour septembre et doivent entrer en vigueur en 2017. Si les calibrages de MIF 2 ne tiennent pas compte de la réalité des marchés, il y a toujours un risque qu’on ait un résultat contraire à celui désiré. Notamment pour la dette d’entreprise, où on n’a pas la même liquidité que sur la dette d’Etat et où la majorité du trading se fait à la voix. Le peu de liquidité qu’il y a pourrait passer à l’électronique, mais pour le marché corporate, il est nécessaire de promouvoir la liquidité du marché secondaire dans son ensemble.

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