La hausse relative des anticipations d’inflation crée le débat au sein de la Fed

Richard Fisher évoque des entreprises plus agressives sur leurs prix. Une enquête de JPMorgan anticipe une inflation à 2,9 % en 2011 aux Etats-Unis
Patrick Aussannaire

«La mention dans le communiqué du dernier FOMC, «anticipations stables d’inflation» devient de plus en plus difficile à justifier», estime Aurel BGC. Une étude menée par JPMorgan réalisée auprès de 750 professionnels de la finance dans le monde, dont 40% sont situés aux Etats-Unis, montre que les entreprises entendent répercuter dès cette année la hausse des coûts de production sur les prix. En 2011, l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis progresserait de 2,9%. Et il ne s’agirait pas d’un phénomène «transitoire» comme l’a estimé la Fed, lié au prix des matières premières. Quelque 61% des sondés pensent ainsi que l’inflation restera durablement supérieure à l’objectif de 2% visé par la Fed. La hausse du noyau dur de l’indice d’inflation (hors alimentaire et énergie), suivi par la Fed, reste cependant plus mesurée à 1,4%, mais est en hausse de 0,3 point par rapport à l’estimation de février.

Le faucon de la Réserve fédérale de Dallas, Richard Fisher, en a d’ailleurs profité pour faire écho à ces tensions en indiquant hier dans un entretien au Wall Street Journal que l’ensemble des 50 dirigeants de sociétés avec lesquelles il a des contacts réguliers comptent opter pour une politique de prix «plus agressive» du fait de la hausse des coûts. «Nous commençons à entendre des hausses supérieures à 3%» précise-t-il.

Et les consommateurs se mettent à intégrer cette hausse des prix. La publication de l’enquête de l’université du Michigan auprès des ménages pour le mois de mars avait ainsi révélée une baisse de 9,3 points de l’indice de confiance à 68,2 et une forte hausse des anticipations d’inflation à moyen terme. Les foyers américains s’attendent désormais à une inflation de 4,6% à horizon un an (contre 3,4% en février), et de 3,2% à horizon 5 ans. En revanche, la progression sur les trois derniers mois du rendement à 10 ans des bons d’Etat indexés sur l’inflation (Tips), à 2,39%, n’est que de 10 pb.

Alors que Jean-Claude Trichet a renouvelé son intention d’augmenter les taux directeurs européens, la société de gestion GaveKal met en avant les risques de divergences dans les politiques monétaires des deux banques centrales. «Elles ne peuvent pas avoir raison en même temps. L’une d’entre elles s’expose donc à une erreur majeure de politique monétaire». Fed ou BCE, les paris sont ouverts.

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