La hausse des taux directeurs brésiliens n’est pas terminée

La poussée de l’inflation à 6,1 % en février a amené la banque centrale à porter ses taux directeurs à 11,75 %
Patrick Aussannaire

Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, dit l’adage boursier. Pourtant, la banque centrale brésilienne a donné hier un nouveau tour de vis de 50 points de base (bp) à ses taux directeurs, les portant à 11,75%, soit le niveau le plus élevé des pays industrialisés et émergents. Et ce remède utilisé pour lutter contre les pressions inflationnistes est loin d’être terminé.

Aucune indication sur le rythme futur du pilotage de sa politique monétaire n’a été donnée, la banque centrale se contentant d’un communiqué laconique. «Le Copom (Comité de politique monétaire) a décidé à l’unanimité de relever les taux Selic». La politique monétaire reste néanmoins accommodante, et les économistes prévoient des taux directeurs à 12,50% d’ici à la fin de l’année, soit une hausse de 75 bp.

Une prévision prudente alors que le resserrement de 100 bp depuis le début de l’année n’a pas empêché l’inflation d’atteindre 6,08% mi-février. Le dynamisme de l’économie, avec une croissance qui a atteint 7,5% en 2010, et le niveau d’inflation indiquent plutôt un taux de neutralité de la politique monétaire supérieur à 13%. Les marchés anticipent un léger reflux de la hausse des prix à la consommation à 5,8% en fin d’année, un niveau qui reste largement supérieur à l’objectif médian de la banque centrale d’une inflation à 4,5% même si elle s’accompagne d’une marge de manœuvre de 2 points à la hausse comme à la baisse.

Si d’autres hausses de taux semblent justifiées d’un point de vue monétaire, elles ne sont cependant pas sans conséquence sur l’économie. BNP Paribas anticipe un ralentissement de la croissance cette année à 4,7%, ce qui pourrait freiner les ardeurs de la banque centrale. Le gouvernement de Dilma Rousseff, qui a fait un effort de 30 milliards de dollars de réduction des dépenses publiques, est défavorable à un rally brutal des taux. D’autant que les taux d’intérêt élevés ont conduit à une hausse des investissements directs étrangers sur le marché interbancaire, qui fait peser sur l'économie un risque de surchauffe et de bulle financière, mais également un risque de change. L’exemple de 2008 a montré que ces capitaux flottants pouvaient quitter très brutalement le pays et entraîner une chute sévère du real, aujourd’hui surévalué. Le real s’est en effet apprécié de 30% en deux ans par rapport au dollar, poussant la balance commerciale en territoire déficitaire depuis 2008.

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