La hausse des coûts de financement en Chine revêt un caractère structurel

Le taux Shibor à 7 jours s’est tendu de 335 pb la semaine dernière à 8,13%, alors que le taux 10 ans a atteint un niveau record de 4,66%
Patrick Aussannaire

Jusqu’où les autorités chinoises sont-elles prêtes à aller pour freiner l’inquiétante croissance du crédit bancaire? Le taux Shibor à 7 jours s’est envolé de 335 pb en une semaine pour atteindre 8,13% vendredi. Il a ensuite légèrement reflué à 7,65% après que la Banque Populaire de Chine (PBOC) a injecté 200 milliards de yuans (24 milliards d’euros) de liquidités pour calmer les tensions sur le marché.

A ce rythme, les investisseurs craignent un «bis repetita» de la crise interbancaire de juin, lorsque le Shibor avait dépassé les 11%. «La banque centrale chinoise est intervenue vendredi lorsqu’elle a constaté que le niveau du Shibor avait dépassé son seuil de tolérance, qui est selon nous de 8%», explique néanmoins Barclays.

Un mouvement qui s’explique certes par la hausse des besoins de liquidités à la fin d’année, mais pas seulement. La PBOC a poursuivi sa politique de resserrement monétaire en ne conduisant pas ses opérations quotidiennes d’open market sur les quatre séances précédant son intervention, ce qui a asséché le marché de 84 milliards de yuans. Par ailleurs, les entrées de devises étrangères se sont poursuivies le mois dernier avec des rachats nets par les institutions financières de 397,9 milliards de yuans en novembre, après 441,6 milliards en octobre. Une tendance liée aux anticipations d’une nouvelle appréciation du yuan, qui atteint déjà 2,6% contre dollar depuis le début de l’année.

Pourtant, contrairement à juin, le rendement des obligations d’Etat chinoises, largement dominé par les acteurs locaux, est également touché par le resserrement monétaire. Il s’est tendu de 129 pb depuis juin pour atteindre un record de 4,66% le 21 novembre. S’il a depuis légèrement reculé à 4,57%, il reste néanmoins plus élevé que le précédent record de 4,54% datant de novembre 2007. «Si le coût de financement ne chute pas, la question sera de savoir si l’économie réelle pourra en supporter le poids», s’interroge Nomura Securities.

Or, Barclays anticipe que les taux devraient restés élevés en 2014 du fait de la libéralisation des taux de dépôt qui entraînera une hausse des coûts de financement pour les banques chinoises, du maintien de la politique de resserrement de la PBOC visant à contenir le «shadow banking», de la désintermédiation des offres de financement, et des rendements artificiellement élevés proposés par les produits de gestion de fortune.

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