
La globalisation réduit-elle la capacité des banques centrales à contrôler l’inflation ?

Dans son étude nommée «La globalisation réduit-elle la capacité des banques centrales à contrôler l’inflation ?», Bruegel se penche sur l’éventuel lien de cause à effet entre la globalisation et les difficultés des banques centrales, à maintenir leur objectif inflationniste ces dernières années. « L’accélération de la globalisation a pris trois formes principales qui pourraient influencer le mécanisme de l’inflation : l’intégration des marchés, l’intégration du marché du travail et l’intégration financière », analyse le think thank économique basé à Bruxelles.
L’intégration des marchés empêche les banques centrales d’avoir la main mise sur l’inflation de leurs pays respectifs car le prix des biens se fixe à l’international. Bruegel met en exergue le fait que les fluctuations de prix de l’énergie et de la nourriture importés sont des déterminants majeurs du niveau de l’inflation dans la zone euro. La BCE tente de s’en protéger en fixant un objectif inflationniste à moyen terme plutôt qu’annuellement. Mais ces chocs de prix peuvent avoir un effet indirect sur l’inflation à long terme, est-il stipulé dans l’étude : « la baisse des prix à l’importation augmente le pouvoir d’achat des salariés, ce qui pourrait étouffer les demandes d’augmentation. » Les salaires ne seraient donc plus indexés à l’inflation domestique.
Concernant l’intégration du marché du travail, le think tank bruxellois estime que la mobilité des forces de travail réduit le pouvoir de négociation salarial des syndicats et des travailleurs, diminuant de fait leur influence sur le niveau d’inflation.
En quoi ces différents niveaux d’intégration influencent-ils les mécanismes de transmission de politiques monétaires ? Bruegel décrit trois scénarios :
1) Les banques centrales pourraient perdre leur capacité à contrôler l’inflation si cette dernière devenait fonction des stocks internationaux et non plus uniquement des stocks domestiques. Cependant, si la relation entre les stocks domestiques et l’inflation est moins étroite depuis quelques années, rien ne prouve que cela soit dû à la globalisation, indique le think tank.
2) Les banques centrales pourraient perdre le contrôle des taux d’intérêts à court terme si ces derniers devenaient fonction des liquidités globales plutôt que des liquidités distribuées par la banque centrale domestique. Néanmoins, tant qu’elles maintiendront un certain monopole dans l’émission de la monnaie domestique, elles conserveront le contrôle sur ces taux à court terme.
3) Les banques centrales pourraient perdre leur contrôle sur l’inflation domestique ainsi que sur l’activité économique si les taux d’intérêts à long terme dépendaient de l’équilibre entre l’épargne et l’investissement à un niveau international et non plus à un niveau domestique. Les taux à long termes sont les plus affectés par les facteurs extérieurs, dont la globalisation. Cependant, une profonde intégration financière augmente également le rôle du taux de change et peut ainsi accentuer l’efficacité des politiques monétaires, souligne le think tank.
Bruegel conclut son étude en affirmant que les banques centrales ne peuvent plus ignorer les enjeux des développements internationaux lorsqu’elles prennent des décisions de politique monétaire. Mais elles conservent, malgré la globalisation, la capacité de maintenir l’inflation selon un objectif de moyen terme. Selon le think tank économique, le principal obstacle des banques centrales n’est pas la globalisation mais la trappe à liquidités que représente le zero lower bound.
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