La fortune financière des millionnaires a baissé de 3,6% dans le monde l’an dernier

La baisse des actifs sous conseil, la croissance économique mondiale atone, et l’intensification de la concurrence poussent les gérants de fortune à regarder vers la numérisation pour réduire leurs coûts de fonctionnement et gagner des parts de marché, selon une étude de Capgemini.
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 -  photo S K Pixabay

Le marché de la gestion de fortune est en contraction. Sous le coup d’une économie mondiale capricieuse, l’année 2022 a été marquée, sans grande surprise, par une baisse du nombre de high net worth individuals (HNWI), ces particuliers disposant de plus d’un million de dollars de patrimoine financier. Ils ne sont plus que 21,7 millions (-3,3% en un an), d’après le World wealth report 2022 publié le 1er juin par Capgemini*. Et leur masse d’encours a elle aussi baissé : -3,6% à 83.000 milliards de dollars. Il s’agit là de la plus importante baisse de la décennie, note le rapport.

Ce recul a été alimenté principalement par l’Amérique du Nord, où les encours du segment des HNWI s’est rétréci de 7,4% sur un an, et dans une moindre mesure l’Europe (-3,2%) et l’Asie (-2,7%). Les encours ont, à l’inverse, progressé sur les plus petits marchés HNWI que sont le Moyen-Orient (+1,5%), l’Afrique (+1,6%) et l’Amérique latine (+2,1%).

Les gérants de fortunes ont donc vu donc leurs sources de revenus décliner. Et cela ne devrait guère s’améliorer dans le futur proche. Les craintes sur l’avenir des marchés ont poussé deux-tiers des individus fortunés à privilégier la protection de leur patrimoine plutôt que de chercher sa croissance. La part moyenne des actions dans leurs portefeuilles a baissé de six points à 23%, et celle des obligations de trois points à 15%. La part de liquidités a, elle, grimpé de neuf points à 34%.

Un nouveau marché : les épargnants très aisés pas encore millionnaires

Face à l’érosion de la base d’actifs des millionnaires, Capgemini suggère aux professionnels de regarder vers le segment des particuliers « très aisés » (« affluents » en anglais), c’est-à-dire les individus qui possèdent entre 250.000 et un million de dollars de patrimoine financier. La société de conseil évalue cette population mal desservie à près de 54 millions de clients détenant collectivement 27.000 milliards de dollars. Ceux-ci sont pourtant « plus susceptibles de rechercher des actifs de croissance et de viser des investissements de long terme », contrairement aux HNWI, moins preneurs de risque et plus prompts à retirer du cash. De quoi mieux équilibrer le mix clients.

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Les dirigeants interrogés estiment que les banques universelles dotées d’équipes de gestion de fortune sont plus promptes à servir cette clientèle, au demeurant moins rentable. Pourtant, selon une étude effectuée par Capgemini auprès de clients de ce segment, 43% d’entre eux se tournent vers les conseillers indépendants, contre seulement 17% vers leur banque traditionnelle. Et un particulier aisé sur cinq gère ses placements financiers lui-même. Mais ces chiffres masquent de fortes disparités régionales, avec des clients européens beaucoup plus enclin à travailler avec leur banque traditionnelle (27%) que leurs homologues asiatiques (10%), et des américains très à l’aise avec les conseillers indépendants (51%).

La numérisation pour améliorer les marges des gérants de fortune

La pression sur les marges devrait également inciter les dirigeants à revoir leurs business models. Actuellement, le rapport coûts/revenus devrait tourner autour de 65%-70%, selon les experts de Capgemini. « Alors que l’incertitude du marché persiste, le contrôle des coûts ,tout en essayant d’augmenter les marges, reste une priorité pour les sociétés de gestion de patrimoine en 2023 et au-delà », préviennent les auteurs. Parmi les priorités des dirigeants de sociétés de gestion de fortune interrogés, on retrouve l’amélioration de l’expérience client (76%), la mise à niveau des infrastructures numériques (66%) et le développement de partenariats ou stratégies pour maximiser la productivité (48%).

Longtemps repoussés, les investissements dans le numérique semblent désormais impératifs. Cette réorganisation des process et des outils doit aider tant les responsables clients, que le reste de la chaîne de valeur. Le métier de conseiller financier comprend encore trop d’opérations à réaliser manuellement.

*Le « World wealth report 2022-Unlock growth in wealth management », publié ce 1er juin par Capgemini, couvre 71 marchés représentant plus de 98% du revenu national brut mondial.

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