La Fed réussit à garder la main sur l’ensemble de la courbe américaine

A 3%, le taux à 10 ans est revenu à son niveau de septembre, alors que les taux courts n’anticipent aucun resserrement monétaire avant 2015
Patrick Aussannaire

La Réserve fédérale (Fed) est passée en pilotage automatique sur la courbe des taux américaine. Depuis l’annonce officielle faite le 18 décembre par son comité de politique monétaire (FOMC), d’un ralentissement de son programme de rachats d’actifs à hauteur de 10 milliards de dollars dans un premier temps, les taux longs américains sont remontés pour venir tester leurs plus hauts niveaux atteints en septembre dernier.

Le rendement du T-Note à 10 ans a ainsi légèrement dépassé vendredi le seuil symbolique des 3%, alors que le taux à 30 ans atteignait 3,93%. «Si la croissance continue sur son rythme actuel et que la Fed poursuit le ralentissement de ses rachats d’actifs, le rendement des obligations à 10 ans devrait atteindre très rapidement son niveau d’équilibre», compris entre 3% et 3,25%, selon Rick Rieder, co-responsable de la stratégie de taux américains chez BlackRock.

En différant de trois mois le lancement de son «tapering», évoqué pour la première fois en mai dernier, la Fed avait réussi à faire baisser les rendements sur la partie longue de la courbe des taux américaine. Après être passé de 1,62% début mai à un niveau de 3% début septembre, le rendement des «Treasuries» à 10 ans avait ensuite reculé à un point bas de 2,50% le 23 octobre dernier. Même tendance sur le taux à 30 ans, qui après s’être tendu de 110 pb à 3,92% en septembre, avait ensuite reflué à 3,59% le mois suivant. Dans ce contexte, «la prochaine étape pour 2014 est la crédibilité de la ‘forward guidance’ mise en place par la Fed», estime Shinji Kunibe, responsable de la gestion taux chez Nissay Asset Management.

Or, celle-ci paraît pour le moment fonctionner à merveille, puisque la Fed semble imposer ses vues aux investisseurs sur la partie courte de la courbe. Les marchés à terme sur les «Fed funds» n’anticipent aucune hausse des taux directeurs avant le premier trimestre 2015. En outre, le niveau de 77 pb prévu par les marchés à la fin de l’année 2015 correspond exactement à la prévision moyenne réalisée par les membres du FOMC eux-mêmes. Même à horizon fin 2016, la différence d’anticipation entre les marchés monétaires (2%), et la Fed (1,75%) est marginale.

Dans ce contexte, «il est difficile de voir une réelle divergence de vue entre les marchés et la Fed sur l’orientation des taux directeurs sur les deux prochaines années», estime Citigroup.

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