La dégradation de la France rejaillit sur le Fonds européen de stabilité

Le FESF a dû annuler une émission à 3 ans hier. La perte du Aaa français aura moins de conséquences sur les banques et les grandes entreprises
Alexandre Garabedian

Comme souvent en de pareils cas, la décision de Moody’s de priver la France de son Aaa est à double détente. La dégradation d’un cran touche d’autres émetteurs, à commencer par les pare-feux européens.

L’agence a certes maintenu le Aaa du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et du Mécanisme européen de stabilité (MES), avec perspective négative, mais le premier a été contraint d’annuler une émission à 3 ans dont le marketing avait commencé le 19 novembre.

«Moody’s évaluera naturellement les implications de la dégradation de la note du gouvernement français pour les notes du FESF et du MES, en se concentrant particulièrement sur le point de savoir si le soutien disponible de la part des garants et des actionnaires qui sont toujours notés Aaa est cohérent avec le maintien de la note la plus élevée pour le FESF et le MES», a indiqué l’agence.

Paris garantit à hauteur de 21,8% les engagements du Fonds européen de stabilité, et contribue pour 20,4% au capital du MES. Or, en maintenant le Aaa du FESF, Moody’s a mis ce dernier dans l’impossibilité technique de lever de la dette à moyen long terme. L’Acte de garantie du fonds prévoit en effet que toute nouvelle émission doit être garantie à 100% par des Etats au moins aussi bien notés que le FESF par chaque agence, ce qui n’est plus le cas de la France. Le véhicule relancera son offre lorsqu’il sera «capable de satisfaire au langage de l’Acte de garantie», a indiqué son directeur général délégué, Christophe Frankel, sans autres précisions.

Les banques françaises, elles, ont connu contre toute attente des resserrements de CDS hier, selon Markit. Une dégradation d’un cran n’est pas automatique, estime Mizuho. Moody’s devrait statuer cette semaine. L’agence note A2 le quatuor BNP Paribas, Crédit Agricole, Natixis et Société Générale, soit quatre crans en dessous du souverain. «La dégradation de la France ne devrait pas avoir d’effet sur le marché des covered bonds, ajoutent les analystes crédit de BNP Paribas. Les covered bonds secteur public de Dexma, par exemple, sont déjà notés Aa2 par Moody’s».

Du côté des entreprises, les plus exposées sont les utilities. Mais là encore, rien d’automatique. EDF est noté Aa3 par Moody’s, avec un bénéfice de deux crans en raison de ses liens avec l’Etat, et GDF Suez est A2 avec un cran de bonus. «Avec cette approche, il faudrait que la France passe sous Aa3 pour qu’EDF soit dégradé», souligne BNP Paribas.

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