La crise ukrainienne place la Russie au bord de la catégorie spéculative

La banque centrale russe a décidé d’une hausse des taux sans effet vendredi, quelques heures après la dégradation de la note du pays par S&P
Alexandre Garabedian

Au terme d’une nouvelle semaine d’escalade verbale et militaire avec l’Ukraine, la Russie a aussi resserré… sa politique monétaire. La banque centrale russe a relevé par surprise, vendredi matin, son taux directeur de 0,5 point, à 7,5%, quelques heures après la dégradation de la note du pays par l’agence Standard & Poor’s.

Une mesure officiellement justifiée par une inflation à 7,2%, supérieure à l’objectif de 5%. Elle est restée sans effet sur le rouble, qui accuse déjà une baisse de 9% face à l’euro depuis le début de l’année.

Comme en atteste la décision de S&P, la défiance des investisseurs internationaux à l’égard du pays ne cesse de croître. La note de la dette du pays libellée en devises étrangères a été abaissée d’un cran, à BBB-, à la limite de la catégorie spéculative, et assortie d’une perspective négative. «La tension géopolitique entre la Russie et l’Ukraine pourrait provoquer de nouveaux retraits significatifs de capitaux, à la fois domestiques et non- ésidents, et miner un peu plus des perspectives de croissance qui s’affaiblissent déjà», souligne l’agence de notation pour justifier sa décision.

La défiance s’est aussi manifestée par l’échec d’une adjudication d’emprunts russes en rouble, le 23 avril. Moscou a renoncé à émettre 20 milliards de roubles à 5 ans et 9 ans pour ce qui était seulement la deuxième opération du genre en deux mois, faute de demande. Un échec qui a contribué à la forte correction des derniers jours sur le marché monétaire local.

L’économie russe a connu 50,6 milliards de dollars de sorties de capitaux au premier trimestre, presqu’autant que sur l’ensemble de l’année 2013, et même 64 milliards en tenant compte des opérations en devises entre la banque centrale et les prêteurs locaux. «L’absence d’initiatives pour limiter l’escalade de la crise, et les potentiels chocs qui s’ensuivraient pour l’investissement et l’activité économique, pourraient conduire à des retraits de capitaux nets de 150 milliards de dollars et à une contraction de 1,6% du PIB de la Russie en 2014», craint Sylwia Hubar, économiste chez Natixis, qui conserve encore une hypothèse centrale de croissance à 0,4%.

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