La crise grecque a un pouvoir de nuisance sur les économies émergentes

Si la réaction des marchés a jusqu’ici été limitée, l’Europe émergente est la plus exposée, soit directement, soit par des effets de contagion.
Patrick Aussannaire

La détérioration de la crise en Grèce a fait s'écarter les rendements des obligations des pays émergents, alors qu’elles commençaient à peine à se reprendre avec la baisse des taux longs américains. «Les investisseurs ont pressé le bouton ‘panique’ et réduit leurs détentions d’actifs risqués, ce qui a conduit à des sorties de capitaux hors des économies émergentes indépendamment de la qualité des fondamentaux ou de leur exposition à la Grèce», explique Natixis. Si le rendement des obligations locales à 10 ans s’est légèrement tendu de 40 pb (points de base) et 20 pb au Brésil et en Inde, ce sont ceux des pays d’Europe émergente qui ont été les plus touchés, à hauteur d’environ 70 pb en Russie, Roumanie, et Bulgarie, de 40 pb en République tchèque et en Hongrie et de 30 pb en Pologne.

La correction a néanmoins été limitée depuis l’annonce d’un référendum à haut risque dimanche en Grèce, les devises émergentes étant revenues hier à des niveaux proches de ceux de vendredi contre euro. Si les rendements d’Europe émergente se sont fortement tendus depuis mi-avril, leur hausse a été similaire à celle enregistrée dans les pays cœur et périphériques de la zone euro, de 65 à 85 bp, et ceux des obligations locales indiennes, russes et brésiliennes sont revenus sur leurs niveaux de mi-avril.

«Un effondrement de l’économie grecque aura un impact négatif sur la confiance des sociétés non seulement dans la zone euro mais aussi dans nombre de pays ayant des liens étroits avec l’Europe (République tchèque, Hongrie, Pologne)», estime Natixis. L’exposition des banques de ces pays à la Grèce est certes limitée, les créances étant très largement détenues par les banques européennes, américaines et britanniques, alors que près de 85% de la dette de l’Etat est entre les mains du FMI, de la BCE et des Etats européens. Pourtant, l’Europe émergente est exposée par le canal des banques grecques qui détiennent «un montant important de créances en Turquie, Roumanie, à Chypre et en Bulgarie pour un total de 67,7 milliards de dollars», comme le précise Natixis.

Les pays émergents représentent en outre 53% des exportations totales de la Grèce (33,5 milliards de dollars) et 51% de ses importations (63,5 milliards). La Russie et la Turquie sont ses principaux partenaires commerciaux avec 6,9 et 5,6 milliards de dollars d’échanges bilatéraux, le premier alimentant le pays en pétrole et en gaz, le second étant sa principale destination en termes d’exportations.

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