
La Commission s’inquiète des dérapages budgétaires italien et espagnol
La Commission redoute que l’Espagne et l’Italie ne tiennent pas leurs engagements budgétaires. Dans les premiers avis qu’elle a rendus sur les budgets nationaux vendredi dernier, l’institution européenne assure que la dette italienne ne devrait pas baisser comme prévu l’année prochaine et que l’objectif de déficit nominal espagnol risque de ne pas être atteint en 2014.
La Commission n’est pas allée jusqu’à demander à ces pays de présenter une deuxième version de leur budget comme le prévoit la nouvelle législation dite du «two-pack». Elle enjoint cependant aux pays de corriger sérieusement leur copie.
Dans le cas de l’Italie, les fonctionnaires européens jugent que les prévisions économiques inscrites dans le projet de budget italien «sont relativement optimistes» au regard des capacités du pays à exporter et des conditions difficiles d’accès au crédit. Tandis que la Commission prévoit une croissance du PIB de 0,7% en 2014, Rome a construit son projet de budget sur la base d’une croissance de 1,1%.
Le déficit budgétaire risque d’être un peu plus élevé que prévu par le gouvernement (à 2,7% contre 2,5%) mais le pays est dans les clous du pacte de stabilité sur ce point. En revanche, la dette qui était censée atteindre un point haut à 133% du PIB cette année avant de se stabiliser en 2014 devrait continuer à déraper l’année prochaine. Le gouvernement d’Enrico Letta s’est récrié contre cette analyse en soulignant que Bruxelles ne tenait pas compte des bénéfices de certaines mesures comme des privatisations. La Commission juge par ailleurs que Rome n’est pas allé assez loin sur la partie structurelle des recommandations budgétaires.
L’institution européenne est aussi sévère envers l’Espagne. Le projet de budget espagnol prévoit de ramener le déficit nominal à 6,8% du PIB en 2013 contre 10,6% du PIB en 2012. Cependant, la Commission assure que «les risques que les recettes ne soient pas aussi importantes que prévu au dernier trimestre sont significatifs». Qui plus est, le déficit risque d’être un peu plus élevé que prévu en 2014 à 5,9% contre 5,8%. Ce dérapage s’expliquerait par la faiblesse de la croissance et le haut niveau de chômage. Les mesures de lutte contre la fraude fiscale et à la sécurité sociale pourraient aussi rapporter moins qu’anticipé. La Commission invite donc Madrid à revoir une partie de son budget pour permettre de ramener le déficit en dessous des 3% en 2016.
Plus d'articles du même thème
-
L’inflation de la zone euro n’a quasiment pas augmenté en août
Eurostat a révisé de 2,1% à 2% le taux d’inflation pour la zone euro en rythme annuel en août, et de 0,2% à 0,1% en rythme mensuel. Et a confirmé que la croissance des salaires a encore été tirée par l’Allemagne et les Pays-Bas au deuxième trimestre. -
Patrick Drahi s’apprête à relancer la vente de ses parts dans XpFibre
Un an après une première tentative avortée pour vendre ses 50,01% de parts dans le réseau français d'accès haut débit, l'homme d'affaires relance le processus. Cela pourrait prendre effet dès cette semaine. -
Cyrus Herez ajoute Aliquis Conseil dans son escarcelle
Ses trois associés historiques deviennent associés du groupe Cyrus. -
Verisure veut lever 3,1 milliards d’euros en rejoignant la Bourse de Stockholm
Le spécialiste de la sécurité compte utiliser le produit de cette augmentation de capital pour réduire son endettement et financer l’acquisition d’ADT Mexico. Deux actionnaires devraient participer à l’opération. -
EXCLUSIF
Philipp Freise et Jérôme Nommé (KKR) : «C’est le moment d’investir en Europe et en France !»
Dans une interview exclusive à L’Agefi, le co-responsable du private equity en Europe et le patron des activités françaises dressent le bilan des 20 ans de présence de KKR en France et affichent leurs ambitions pour le futur. -
L’écosystème technologique des métiers du chiffre est en plein essor
La première édition de l’Observatoire des techs de la profession comptable recense 262 entreprises.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BlackRock lance le premier ETF adossé à la méthodologie MSCI World sur la neutralité géographique et sectorielle
- Nicolas Namias assure que le projet de fusion des gestions d’actifs de BPCE et Generali se poursuit
- En deux ans, les ETF «datés» ont réussi à se faire une place en Europe
- Valérie Baudson : «Amundi n'a pas besoin d'acquisition pour croître»
- BlackRock lance le premier ETF adossé à la méthodologie MSCI World sur la neutralité géographique et sectorielle
- Eric Bertrand va prendre la direction générale d’Ofi Invest AM
Contenu de nos partenaires
-
« Sentinelle orientale » : la France déploie des Rafale en Pologne face à la menace des drones russes
Mińsk Mazowiecki - Les deux Rafale français s’envolent au-dessus des zones boisées de la campagne polonaise. Leur mission : intercepter tout drone russe qui franchirait les frontières de l’Otan, dans le cadre de l’opération «sentinelle orientale» déclenchée vendredi par l’Alliance atlantique. Quelques minutes plus tôt, la sonnerie a retenti dans le hangar qui héberge le détachement de 68 militaires français sur la base de Minsk Mazowiecki, à une cinquantaine de kilomètres de Varsovie. Les capitaines Justine et Hugo, dont le patronyme ne peut être dévoilé, s'équipent alors et rejoignent en quelques minutes leur avion, armé de quatre missiles air-air Mica et d’un canon de 30 mm. «L'équipe d’alerte vit sur place, prête à décoller au coup de sifflet», explique le commandant Victor, chef du détachement dépêché par Paris pour participer à cette mission de l’Otan. Celle-ci a été décidée vendredi après l’intrusion en Pologne dans la nuit du 9 au 10 septembre de 19 drones russes à longue portée depuis la Biélorussie et l’Ukraine voisines. Trois de ces drones ont été abattus dans l’espace aérien polonais, une première dans l’histoire de l’Alliance créée en 1949. «Intentionnel ou non, c’est dangereux. Et inacceptable», a justifié le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte en annonçant l’opération destinée à renforcer le flanc oriental de l’Alliance. «Premiers déployés» Des Eurofighter allemands et britanniques, ainsi que des F-16 danois, déployés sur d’autres bases, participent également à «Eastern Sentry». La position de la base de Minsk Mazowiecki rend la contribution des trois Rafale français essentielle, estime le lieutenant-colonel Marcin Boruta, de l’armée de l’air polonaise, car elle est située à 120 kilomètres de la frontière bélarusse et 150 kilomètres de l’Ukraine, et «c’est la base la plus importante à l’Est de Varsovie». Heureux hasard, les trois Rafale étaient déjà en Pologne depuis quelques jours dans le cadre d’un exercice, dit «ACE» de l’Otan, visant à disséminer sur court préavis une force aérienne sur différentes bases. Quelques heures après le lancement d’Eastern Sentry, «on était les premiers déployés, nos avions étaient prêts à prendre l’alerte», selon le capitaine Lucas, navigateur-officier systèmes d’armes sur Rafale. Celle-ci n’a pas tardé : dès samedi, deux Rafale ont eu un «Alpha scramble», un «déclenchement réel», décrypte le capitaine Lucas. Le commandement des opérations aériennes, basé en Allemagne, «nous a demandé d’aller chercher des drones qui avaient été détectés au-dessus des territoires ukrainien et biélorusse en direction de la Pologne». Ces drones n’ont finalement pas franchi la frontière et n’ont donc pas été interceptés. Missile ou obus de canon ? En cas d’intrusion en Pologne de drones Gueran-2 bourrés d’explosifs ou de Gerbera, des drones leurres et d’observation, comme ceux que Moscou lance par centaines quasiment chaque nuit contre l’Ukraine, les avions de chasse de l’Otan ont pour mission de les trouver, de les identifier, de «remonter l’information» et le cas échéant de les détruire. Faut-il neutraliser un drone de quelques dizaines de milliers d’euros avec un missile en coûtant 600.000 ou privilégier les obus de canon, bien moins onéreux? Pour le capitaine Lucas, le coût n’entre pas en ligne de compte. «Ce qui va déterminer, c’est le risque consenti, les passes canon ne sont pas simples et ça va dépendre de la proximité avec le sol», explique-t-il. Face à des drones volant à faible vitesse à quelques centaines de mètres d’altitude, tirer au canon peut s’avérer dangereux à proximité de zones habitées. Outre le message de solidarité entre Etats de l’Otan, l’appartenance des trois Rafale déployés en Pologne aux Forces aériennes stratégiques (FAS), la composante nucléaire aéroportée française, répond à un «choix qui n’est pas anodin», estime Etienne Marcuz, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). «Le déploiement des FAS en Pologne crédibilise la parole présidentielle sur la dimension européenne de la dissuasion française en la concrétisant», explique-t-il sur X, alors que le président Emmanuel Macron s’est dit «prêt à engager un dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts». Mathieu RABECHAULT © Agence France-Presse -
Népal : à la prison de Katmandou, les évadés d'un jour regagnent leur cellule
Katmandou - «C'était terrible à l’extérieur... alors je rentre». Quelques jours seulement après s'être enfui de sa prison de la capitale népalaise Katmandou, Avinash Rai, 46 ans, s’est représenté à sa porte, le ventre plein d’un bon repas pris en famille. Comme lui, plus de 13.500 détenus ont profité des émeutes meurtrières qui ont renversé, la semaine dernière, le gouvernement népalais pour fausser compagnie à leurs gardiens. Quand il évoque le désordre qui a précipité son évasion, Avinash Rai en tremble encore. «Nos vies étaient en danger», décrit-il, ses deux sacs en bandoulière, avant de rejoindre sa cellule. «C'était fou. Il y avait des milliers de manifestants hors de contrôle qui criaient à l’extérieur et aucun policier nulle part», raconte le détenu. «Il y avait le feu partout, des actes de vandalisme. Et soudain, les portes se sont ouvertes». Il les a franchies sans réfléchir, poussé vers la liberté dans un pays en plein chaos. Les troubles ont éclaté le 8 septembre lorsque la police a ouvert le feu sur des milliers de jeunes manifestants, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites. Au moins 19 protestataires ont été tués ce jour-là à Katmandou et dans le reste du pays. «Revenez plus tard» Le lendemain, la colère s’est déchaînée dans les rues de la capitale, où les symboles du pouvoir, le parlement en tête, ont été incendiés, détruits ou pillés. Au pouvoir depuis 2024, le Premier ministre KP Sharma Oli a dû démissionner. Au total, 73 personnes ont été tuées, selon le dernier bilan officiel publié mercredi. «Les autorités de la prison, ou ce qu’il en restait, nous ont dit +partez, et revenez plus tard, quand ce sera plus sûr+", se souvient Avinash Rai. Condamné à vingt-deux mois de prison pour contrebande avec l’Inde, il ne lui en reste plus que deux à purger. Alors il a décidé, sagement, de suivre le conseil de ses geôliers. «C'était fou que tous ces gens aient pu s'évader», s'étonne encore Nagendra Sreshtha, un ami venu le raccompagner. «On lui a dit que c'était dans son intérêt de rentrer en prison de son plein gré». En échange, Avinash Rai espère désormais «un peu de clémence» du gouvernement provisoire mis en place jusqu’aux élections prévues en mars 2026. D’autres que lui ont fait ce pari. Selon le porte-parole de la police, Binod Kharel, environ 5.000 évadés avaient retrouvé mercredi leur cellule, pour la plupart volontairement. Parmi ceux qui se pressent devant la prison de Bakhu, il y a aussi Som Gopali, 40 ans. Condamné à cinq ans pour agression, il revient accomplir les neuf mois qui lui restent. «Pas une évasion» Une dernière étreinte avec son épouse, et il franchit la lourde porte de l'établissement. «Ca a été un choc quand Som m’a téléphoné pour me dire qu’il était dehors. J'étais sidérée», confie sa sœur Preeti Yonyan, 42 ans, qui se pince encore pour croire à sa sortie inattendue. «Il n’aurait pas tenu très longtemps dehors, avec la police à ses trousses», raisonne-t-elle. Noircis par les flammes, recouverts de graffitis à la gloire de la «Génération Z», les hauts murs de la maison d’arrêt de Bakhu ont gardé les traces de l’assaut lancé par les émeutiers. «La structure des bâtiments n’a pas été atteinte mais il n’y a plus de couvertures, de matelas ou d'équipement. Et de la suie partout», témoigne Savyata Bahkati, 22 ans, volontaire pour une association qui intervient en détention. «Ils ont commencé à nettoyer les murs et à les repeindre», poursuit-elle, «mais ça va encore prendre trois ou quatre jours». Les derniers candidats à la réincarcération se pressent devant la prison. «Ce n'était pas une évasion. Mon fils est innocent», répète Suresh Raj Aran, 40 ans, espérant que Sevak, 23 ans, ne soit pas puni pour s'être fait la belle. «Bien sûr, je préfère qu’il soit à la maison», dit-elle, «mais dans le respect de la loi». Bhuvan BAGGA © Agence France-Presse -
Parole parole
Déçu par leur rencontre avec Sébastien Lecornu, le PS envisage la censure « dès la déclaration de politique générale »
Rien de constructif n’est ressorti du premier round de discussion entre le Premier ministre et les socialistes, ce mercredi matin. Le mot de « justice fiscale » a bien été prononcé, mais sans véritable contenu, laissant les cadres du PS sceptiques sur la « rupture » promise par le nouveau locataire de Matignon